My Iron Lung EP - Septembre 1994
Si j’ai hésité à
parler de celui là, je finis par le faire pour deux raisons. La première, c’est
que mon lecteur (on va pas déconner, à ce stade, on sait tous les deux que
j’écris surtout pour toi), m’a dit qu’il fallait le faire. Mais en même temps
il devait encore s’attendre à une analyse objective de la discographie du
groupe, pas cette autodiscobiographie bordélique parce qu’essayent de faire se
croiser deux timelines qui ne vont pas ensemble (la mienne et celle du groupe).
La seconde c’est que je suis retombé dans ma discothèque sur mon My Iron Lung.
Parce que oui. Il
y a My Iron Lung, et il y a mon My Iron Lung.
Novembre 2001.
Les vacances sont en train de s’achever, et nous préparons nos valises pour
repartir. Ma sœur, qui reste un peu plus longtemps, arrive avec son copain (qui
deviendra plus tard mon beau-frère) dans la cuisine de la maison familiale et
me tend un paquet presque cubique, mais qui parait instable sous son papier
cadeau. En l’ouvrant j’y découvre 6 CDs gravés, dans leurs boitiers slims, avec
les impressions de compte rendu Nero Burning Rom en guise de tracklisting.
C’est bête à dire, mais à ce jour encore c’est peut-être (sans qu’elle n’en ait
jamais eu conscience ni à l’époque ni aujourd’hui), la cadeau le plus
attentionné qu’elle m’ait jamais offert. Le temps passé à télécharger les
morceaux, à les graver…
Parce que quand
on y pense, c’est fou, on parle de la fin 2001 : ça a été téléchargé sur
eMule parce que même si un pote de mon futur beau-frère les avait sur son PC…
les clés USB ne sont pas encore vraiment là, les disques durs externes encore
moins. Pourtant moins de 6 ans après, en une soirée je téléchargeais In
Rainbows pour le mettre sur mon iPod depuis le PC de la copine d’un pote. Ça me
flingue.
Aujourd’hui, je ne saurais me rappeler
parfaitement du contenu de ces 6 CDs. Je sais que l’un d’entre eux était une
compilation de « classiques » de qualité, et que deux n’étaient
composés que de morceaux de Radiohead que je ne connaissais pas encore1, et que chaque compilation avait un
« titre » associé : l’une était Pop is Dead. L’autre était My
Iron Lung.
Mon My Iron Lung…
Je l’ai encore. Jetons un œil au tracklisting.
Et quand l’ai-je
finalement acheté « en vrai », l’ayant trouvé d’occasion et
découvrant par la même la réalité de cet EP ? 2010, peut-être ?
Bref j’ai
longtemps vécu dans un monde imaginaire où cet EP était un véritable album, mal
ordonné, plein de bonne idées mais dépourvu de cohérence, avec ses moments de
beauté, mais décidément difficile à suivre. Donc je comprends ce que ne soit
pas considéré comme un album. En plus ils sont con la meilleure chanson est en
avant-dernier. (Mes gouts ont changé depuis) (Par contre j'adore l'ironie qu'il y a à ce que My Iron Lung y a sa place de The Bends, en 8)
Mais l’idée n’est pas forcément de parler d’un disque qui n’existe pas vraiment, parlons du vrai. Du 8 titres. Dont on va exclure tout de suite le dernier parce qu’on s’en fout et parce que son absence dans la version de l’EP mise en ligne par le groupe lui-même confirme à mes yeux ce dont on se douterait tous : cette version acoustique de Creep a très certainement été imposée par la maison de disques. Il est tellement antinomique que ce disque commençant par le groupe reniant ce morceau 3 finisse par une version alternative du morceau incriminé.
Bon, comme à
l’habitude, le disque se coupe malgré lui en deux : la face A est top, la
face B on s’en fout un peu, mais c’est aussi probablement parce qu’elle est un
peu plus molle du cul et… Bon, il faut aussi le citer, ce disque c’est la
première rencontre avec Nigel Godrich, qui pour l’instant n’est qu’ingénieur du
son sur… justement, les 4 premiers
titres. Coïncidence ? Peut-être.
Coupé en deux, le
disque l’est aussi dans sa musique : écartelé entre deux albums sur
lesquels ils ne figurent aps, on serait bien en peine de dire quel titre
devrait aller où. Le groupe tente des trucs, tout ne passe pas, rien n’est
vraiment mauvais, mais à part le morceau éponyme, peu de choses ressortent. Et
surtout : le son passe son temps à changer. Chaque morceau semble offrir
une facette différente, une tentative différente, tour à tour classique rock,
shoegaze, voire orientalisant (Lozenge of Love dont la mélodie rappelle les
chansons signées George Harrison qu’on saute). On va pas non plus se voiler la
face, mes titres préférés sont ceux qui sonnent le plus comme l’album à venir,
ou du moins qui sonnent comme des trucs que j’aime (Permanent Daylight cette
sorte de reprise de Sonic Youth par REM, je m’en passe.). Je pense que plus
jamais dans sa carrière le groupe ne sonnera aussi purement « méchant »
que sur The Trickster (pas agressif, juste méchant), et soyons simple : le
fait que cet EP soit si bon, mais aussi qu’il ait été quasi-intégralement
écarté de l’album à venir (alors qu’on aurait pu le garder comme matériel à
faces B) et ce, sans AUCUN regret du groupe comme des fans (parce qu’on y
viendra, mais je serais bien en peine de fourrer un titre de cet EP autre que le
morceau titre au sein de The Bends sans avoir l’impression de tenter une
fission nucléaire), ça reste un tour de force.
L’EP est intéressant,
et le groupe avait probablement besoin de réinventer sa réinvention si j’ose
dire, de la mettre en scène, avant d’en offrir la plus belle expression. Aussi
c’est le moment ou le groupe atteint presque sa forme finale : Ce combo
Radiohead/ Godrich / Donwood (le graphiste qui accompagne le groupe depuis maintenant
plus de 25 ans !) sont là. Et si les chutes de l’album étant de cette
qualité… Vous vous doutez que The Bends a de la gueule.
Pas de sélection
particulière de titre parce que ce serait dure d’appliquer les catégories à cet
EP. Aussi je parlerais plus longuement la prochaine fois de My Iron Lung, la chanson. En même temps qu'on commencera à basculer en plein doute métaphysique
1 Et un de ces morceaux, censé être une
reprise de Deftones par Radiohead n’était en fait qu’une version acoustique de
Be quiet & drive, mais bel et bien par Deftones quand même.
J’espère que je ne suis pas ton seul lecteur, mais que tu continues en pensant que c’est le cas ça me touche ! Bon, tu sais bien qu’une illusoire analyse objective ne m’intéresse pas et que c’est ton autodiscobiographie bordélique que je suis toujours venu chercher sur ton blog. D’ailleurs sur ce point-là je suis très content de t’avoir poussé à chroniquer cet EP.
RépondreSupprimerC’est marrant car on se rejoint sur deux points : moi aussi les prémices d’internet et les premiers gravages ont concerné Radiohead (des Bootlegs par des potes de l’école), et aussi le Young Team de Mogwai où j’ai vécu la même mésaventure désordonnée démystifiée des années après. C’est vrai que ton « My Iron Lung » est vraiment bordélique, avec ces morceaux disparates classés par ordre alphabétique. Et sinon un des rares souvenirs musicaux avec ma sœur concerne aussi cet EP : elle s’est toujours contrefoutu de la musique, mais j’avais essayé de l’intéresser avec ce (contractuel, comme tu le dis) « Creep (acoustic) ». Echec, elle avait détesté car on entend le crissement des doigts sur les cordes à chaque changement d’accord, un truc que je n’avais même pas capté à l’époque.
Ca fait des lustres que j’ai pas écouté, je serais bien en peine de citer mon titre favori (hormis le titre phare évidemment). Je sais juste que je guettais les rarissimes bootlegs où certains étaient interprétés, et que « You Never Wash up after yourself » est archi dure à jouer à la gratte.
J’avais jamais réalisé qu’ils étaient par ordre alphabétique. Je me sens tellement con.
RépondreSupprimerUn grand classique du gravage de l'époque :D
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