Tout a commencé le 22 Juillet 2014, soit donc avant même la sortie de l’album dont nous allons parler. En ce jour désormais béni des dieux de ma discothèque, Weezer, après un silence de 4 ans (une durée totalement banale pour le Weezer des 90's, mais une éternité au vue de la prolixité dans la médiocrité dont le groupe avait fait preuve de 2008 à 2010 (3 albums en 3 ans, 4 albums si on compte la compilation Death to False Metal – même si on préférerait l’oublier), sort un nouveau single, nommé Back to the shack.
Et ce single était parfait. Produit par Ric Ocasek (producteur du premier – et mythique, n’ayons pas peur des mots – album du groupe), le single est à peu près tout ce que les fans du groupe auraient pu espérer. Un retour à des racines rock (à la fameuse cabane du titre, au garage d’In the garage symboliquement). De la petite référence de geek comme on les aime : on ne me fera pas croire que parler de Going back where the lightning striked dans une chanson nommée Back to the quoi que ce soit est un hasard. Mais aussi une lettre d’excuse pour les bizarres expérimentations du groupe ces dernières années (I forgot that Disco sucks). Ce qui n’est peut-être pas forcément surprenant, mais à la limite du gênant. On nous l’a déjà fait, le coup du retour aux sources (combien de groupes des 90’s ou même pire (Ahem. Rolling Stones. Ahem) nous le promettent à chaque nouvelle livraison ?). Mais… mais c’est Weezer, les gars. Rivers est le mec le plus sincère du monde, c’est pour ça qu’on l’aime. Pour ça que quand il se plante, il le fait fait pas qu’à moitié (Can’t stop partying, putain). Ca peut pas être une démarche purement commerciale. Pas de Rivers. Pas de… d’un gars qui vient de tourner en rejouant les deux albums (les plus populaires) du groupe sur scène. Qui a réédité le second en le gavant de faux inédits et de versions live des 3 singles encore et encore… Oh merde. Mais, mais le single, il est … bien ! Il sonne comme le Weezer d’avant, le Weezer que j’aime, qu’on aime.
Je suspecte que Weezer continue de faire carrière juste pour les clips, un peu.
Et dans les faits, l’album qui suivit (Everything will be alright in the end) tenait plutôt bien cette promesse. Pas d’incartade trop bizarre dans des territoires que Cuomo ne devrait jamais avoir foulé du bout de la Converse1 – OK, I’ve had it up to here a quelques accents funk pas du meilleur gout. Outre le single précédemment évoqué, on trouve de bons (très bons) titres, mais surtout de bons moments. Des ponts, des solos, des idées mélodiques disséminées le long des titres qui attirent l’oreille de l’auditeur qui s’avèrerait distrait. Des thématiques familières (Les filles. La nostalgie. Les problèmes relationnels avec son paternel. Stephen Hawking. Cléopatre ?) . Evidement, la grande déception de l’album reste sa fin, avec une tentative de « triptyque musical », créé, j’en reste convaincu, pour se foutre de la gueule de Muse. Le problème est que le pastiche n’est pas assez flagrant, donc la blague tombe à plat, et risque presque de convertir des fans de Muse à Weezer.
Au final l’album est en tiers – teinte (c’est comme demi – teinte, mais il est plus qu’à moitié réussi . Du coup c’est 2/3 teinte ? C’est la teinte qui est bien ou… ?) et plein de promesses. On a des visions du génie des albums précédents, et une vrai émotion, une sentimentalité qui manquait aux albums précédents, qui ne touchaient la corde sensible qu’en se livrant, soit à l’auto-pastiche, soit à l’appel à la nostalgie (Essayez de réécouter « Memories », puis « Back to the Shack ». cela résume à peu de choses près la transition).
Puis est sorti le White Album. Soit le quatrième album de Weezer qui techniquement s’appelle Weezer mais qu’on désigne par la couleur de sa pochette parce que les chiffres ça a été déposé par Led Zep. Fallait quand même y aller. Refaire le coup de l’album couleur alors que franchement, le Red album c’était pas ça… Et puis blanc ! Directement sous l’égide, qu’on le veuille ou non, des Beatles. Fallait pas jouer au con.
Alors on ne va pas se voiler la face : peu de choses sonnent plus comme une chanson de Weezer qu’une autre chanson de Weezer. Et pour chaque titre de l’album ou presque, on pourrait renvoyer l’auditeur à un titre d’un des trois premiers albums du groupe. Mais justement. Des trois premiers albums. Ca veut tout dire. Ca veut dire qu’on est de retour à la maison (ou dans la cabane, ou dans le garage, comme vous voulez). Les guitares sonnent à nouveau comme on les aime, les chœurs sont bien en place, l’émotion est là, et la sincérité2 touchante. Et l’on découvre que Cuomo n’a pas besoin de s’inventer des problèmes, de s’inventer une personnalité de rockstar. Les problèmes sont toujours là, les histoires à raconter existent encore, tout marié et –possiblement – heureux qu’il soit. Pourtant, (c’est pas le White album pour rien), le disque s’avère surprenamment lumineux. Thank God for girls,à part qu’elle est hilarante et parle de tomber amoureux de la boulangère chez qui tu vas chercher de quoi te sustenter avant d’aller jouer à Donjons & Dragons3, ou Summer Elaine & Drunk Dori sont à mon avis les meilleures chansons positives que le groupe n’ait jamais écrit. La plupart des soli de guitare ont des sonorités à la Queen, la chanson qui parle de drogue est la plus Heavy de l’album (Hash Pipe, anyone ?), les fêlures de Rivers se manifestent autrement, toujours dans le regret de ce qu’on a pas fait, mais cette fois-ci, pour les autres et non pour soi-même : King of the world est une des plus belles chansons d’amour du groupe, même si je me demande, de fait, si le groupe en a jamais écrit une autre, de chanson d’amour (eh, c'est pas moi qui avait écrit que les chansons d'amour n'existe pas à une époque?)
Vous en faites pas les gars, nous aussi on a eu peur.
Mais les choses restent les mêmes et le point d’orgue de l’album reste L.A. Girlz, évidement titre d’amour éconduit (et de démon de midi ?), de déclarations grandiloquentes empruntant à … Lewis Caroll et Dante (je cherche même plus) et au labo de chimie un peu. Ca s’ouvre sur un larsen, riff de guitare rythmique saturé, breaks au moment des couplets, pont répété ad lib avec la lente montée des guitares derrière…
Oui mais du coup, Guic’, il sont juste en train de refaire ce qu’ils faisaient avant, c’est pas original, c’est… C’est pas bien, non ?
Ben écoute… Je ne sais pas. Je sais que moi, j’aime. Suis-je devenu un vieux con à qui il faut refourguer les choses qu’il aime déjà pour qu’il soit content ? Weezer a-t-il fait un retour en arrière juste pour renouer avec une fan-base composée de.. de mois ? La démarche n’est – elle pas totalement cynique ? Je ne sais pas. Si le début d’Endless Bummer, dernier titre de l’album sonne à mort comme « Island in the Sun », s’ouvre sur « I just want this summer to end / What’s the point of trying to pretend / She told me to follow the rules / Not all 19 years old are cool »…Ca sonne tellement comme un gars saoulé de devoir rejouer encore et encore le meme titre, qui se force malgré tout parce que c’est ce qu’on attend de lui et qui reste impuissant alors qu’il voit une chanson qui signifiait tant pour lui devenir le nouveau Kumbaya utilisé par d’autres gamins pour choper des filles qu’il n’aurait même pas envisagé d’approcher quand il avait leur age.
Ou peut – être que je projette. Mais justement. Qu’il est bon de projeter à nouveau sur ce que Rivers Cuomo nous raconte. Ca m’avait manqué, et c'était tout ce qu'on demandait.
1 Je suis convaincu que Rivers Cuomo fait du cosplay en 10eme Docteur, me demandez pas pourquoi.
2 Je sais qu’il m’est arrivé par le passé de dire que la sincérité n’est aucunement un bon critère pour juger un morceau / album de rock. Sauf que Weezer, considéré comme le précurseur de l’émo-rock, justement du fait de chanter ce qu’il pense et ressent sans filtre (avec , certes, les conséquences désastreuses qu’on connaît ), c’est ce qu’on lui demande.
3 Thème de chanson weezerien s’il en est. A la limite de la parodie, même, si ce n’était pas en fait la quintessence de l’œuvre du groupe. On y apprend également des détails sur la recette de la femme qui sont passés sous silence dans la Genèse.
OK, autant les précédents étaient des albums que je n’avais jamais écouté, autant celui-ci… du coup il me parait pas inutile, par souci honnêteté, que je prévienne si j’ai un passif avec l’album ou le groupe concerné. Pour les POBPAH (Pains of Being Pure at Heart, pas Palais Omnisport de Bercy Paris Accor Hotel), c’est simple : j’ai pas mal écouté cet album à sa sortie, j’aimais bien, j’ai encore plus écouté le second (Belong), que j’ai même en vinyle mais n’ai pas du placer sur la platine depuis facilement 4 ans maintenant (Même s'il est bleu, et que, comme je suis superficiel, les vinyles qui sont "jolis" ont plus de chance de voir la platine que les autres, chez moi). Donc je pense que certaines mélodies vont me retaper dans l’oreille mais je n’ai pas tant de souvenirs que cela.
OK, j’ai écrit ça avant même de réécouter une seule note de l’album. Vous savez quoi ? J’étais sincère à l’époque (hier donc), mais je suis un imbécile.
Je ne suis pas certain et je n’ai même pas été vérifier, mais dès les premières secondes, j’ai cru me rappeler que l’album était sorti en Février 2009 (aucune idée de la véracité de cette assertion, flemme de vérifier). Et je me revois, sortant d’une année (2008) pleine d’émotions, et passée à être obsédé, musicalement, par les Smiths et Mötley Crüe. Mélange bizarre, certes, mais qui aurait du préparer le terrain à un groupe à ce point obsédé, lui aussi, par des années 80 dont on avait pas fini de bouffer. Pourtant, je me rappelle ne pas avoir aimé cet album plus que ça… Et c’est en fait toujours plutôt d’actualité. Certes, il me renvoie quelques années en arrière. Certes, il a une luminosité en lui, résonne comme un matin d’été (Du coup, s'il est effectivement sorti en Février, c'est con). Mais vraiment… ce sous-mixage des voix m’en demande bien trop. Pas étonnant, de fait, que les morceaux que j’apprécie le plus sur cet albums sont ceux offrants des passages instrumentaux un peu long (le dernier, mais aussi le pont de Young Adult Friction, dont je dois avouer que ce n’est qu’en le réécoutant pour les besoins de ces quelques mots que j’ai compris le jeu de mots du titre.)
This love is fucking right ! tient toujours la route (je crois me souvenir que c’était mon morceau préféré à l’époque – et je me souvenais de lui ouvrant l’album ? Je ne sais pas, je vous parle d’un temps où l’extraction du zip chopé sur Megaupload ne se passait pas toujours bien, l’avantage de Spotify c’est que les choses sont dans l’ordre, au moins.)
Pour résumer, c’est un album de revival honnête, mais de revival d’un type de musique que j’apprécie sans en être passionné. Dans le genre, (et du coup pour des versions originales), j’aurais personnellement tendance à conseiller aux amateurs de compilations la coffret « Scared to Get Happy » (qui reprend le gros de l’indie pop anglais des années 80), qui contient nombre de perles ayant très probablement inspiré les Pains of Being Pure at heart.
L’album n’en reste pas moins à même de faire sourire, voire danser, et c’était pas désagréable de le redécouvrir.
(On a le droit de le dire que le clip de revival 80's c'est un exercice codifié à crever, et que du coup ça ressemble toujours à du foutage de gueule?)
Chances de réécoutes : 100 % de chances que je le réécoute au moins une fois. Dans 5 ans.
Titres marquants : Young Adult Friction, This love is fucking right!, Gentle Sons.
Autant
attaquer en disant la vérité crue du contexte et de la fainéantise: J'ai vraiment failli vous sortir une
critique du pilote du reboot de Ducktales (La bande à Picsou) qui a
été diffusé le 12 Aout dernier, avant que la saison ne commence
fin Septembre prochain. Puis plus je réfléchissais à ce que je
voulais dire, plus j'ai réalisé qu'en fait j'allais tout spoiler
assez salement d'une part, et que ça allait arriver comme un cheveu
sur la soupe, d'autre part. Et surtout que la plupart des (minimes) reproches que j'aurais tendance à faire son liés à mon goût pour les BDs dont les personnages de la série s'inspire. Un peu comme les gens cool le font avec Walking Dead, mais moi c'est Picsou.
Du
coup, laissez moi vous raconter un truc. Etant gamin, la tradition
était que, à chaque vacances où j'allais m'enterrer à la
campagne, pour le voyage en train (et, du coup, par extension, pour
les vacances, vu que j'étais enterré à la campagne),
j'avais droit au Picsou Magazine du mois. Comme peut-être la plupart
des lecteurs de l'époque, c'est le fait que le magazine offrait un
gadget qui m'avait attiré. Mais la fait est que les BD étaient cool
aussi. De fait, je ne sais pas précisément quand j'ai fini par
mettre un nom sur les deux auteurs révérés du magazine : Carl
Barks et Don Rosa. Pour le second, j'ai du m'en rendre compte assez
vite, vu que la publication d'une nouvelle de ses BD était toujours
un événement.
J'ai
maintenant plus de 30 piges et je vous le dis : il y avait de
quoi. C'est marrant, parce que je suis sûr que si on me demandait
quel est mon auteur de bandes dessinées préféré, je le zapperai
probablement parce que j'oublierai d'y penser, mais dans les faits,
peu de BD m'ont autant passionné que les BD de Keno Don Rosa. A mes
yeux, il est comme un mélange entre Barks (le maître et l'influence
majeure et revendiquée) et Gotlib : il suffit de jeter un œil
aux Bds qu'il dessinait dans les années 70 (Pertwillaby Papers, en
particulier) pour voir une surprenante familiarité transatlantique.
J'aime ces Bds parce qu'elles ne donnent pas tout à la première
lecture. Barks était un dessinateur talentueux et créatif, mais
simple. Don Rosa est un grand malade. Les fonds sont foisonnants de
détails, de références de gags d'arrière plan. C'est un fan qui
veut en faire des tonnes, mais qui, Dieu merci, a un éditeur pour le
rappeler à l'ordre de temps en temps.
Vous
comprendrez aisément pourquoi je me suis rué quand elle est parue
sur son intégrale, découvrant ainsi que j'ai du arrêter de lire
Picsou Magazine quelque part aux alentours de 2001 je dirais – soit
donc à 15 ans – mais aussi à quel point ces Bds m'avaient marqué.
Il y en a que j'ai relues en m'en souvenant parfaitement, alors que
je ne les avait pas eues sous les yeux en plus de 10 ans.
Je
comprends dorénavant pourquoi j'aime ces histoires, et comment elles
fonctionnent. Pourquoi la galerie de personnages est si intéressante: ne serait-ce que le fait qu'ils ont tous des qualités ET des défauts, même les méchants. Sauf les Rapetou. Et Gontran. OK).
Comment il n'y a techniquement que quelques
types d'histoires marquantes : Picsou part à la recherche
d'un trésor mythique (parfois, en concurrence avec Gripsou), les
histoires humoristiques (Donald a un nouveau métier ou Miss Tick une
nouvelle baguette), les Rapetous volent une invention de Géo et
tentent de vider le coffre avec, et les histoires d'anniversaire (Il
y a bien 5 à 10 histoires spéciales écrites pour les 40 ou 50 ans d'un
personnage). Pourtant, même les rouages connus et repérés, cela
n’empêche pas les histoires d'être fascinantes. Comme des bons
comics, quoi. Mais là n'est pas le sujet.
Je sens aussi le besoin impérieux de noter cette bizarrerie de traduction qui ne cesse de me perturber: En Francaçias, Picsou a pour prénom Balthazar. En anglais, Scrooge a... pour nom de famille McDuck. Résultat, en V.O. tout le monde l'appelle par son prénom, mais en V.F., non, tout le monde l'appelle par sonn nom de famille. Même ses neveux, et ça, c'est super bizarre. Fin de la parenthèse.
Du
coup, pas étonnant que je décide de faire un top 5 des Bds de
Canards de Don Rosa.
Mention honorables: Ces histoires dont je me souvenais avant même de les relire mais qui n'entreront pas dans le Top 5, dans l'ordre dans lequel je m'en souviens... Le trésor de Crésus, Le trésor des 10 avatars, Un problème de Taille, Un petit cadeau très spécial, Retour à Sétatroce.
Hors
Catégorie : la Jeunesse de Picsou (The Life & Times of
Scrooge McDuck) – 1991 - 1995
Sortons
le du chemin, les 12 épisodes de l'oeuvre de base sont hors
catégorie directement. C'est un chef-d'oeuvre, je le relis minimum
une fois l'an, c'est en en lisant des épisodes au hasard des
publications en magazine que j'ai commencé à apprécier le
personnage de Picsou (bien plus qu'en regardant La Bande à Picsou),
j'ai eu à l'époque de sa sortie le hors série condensant tous les
épisodes (le premier qui est sorti), que j'ai perdu, que j'ai
regretté avoir perdu, et en tombant sur ce volume 1 de l'intégrale
(volume 1 qui condense donc les 12 épisodes, le second condensant
les épisodes « bis »), j'avais beau être dans le rouge
ce mois là je l'ai pris sans me poser de question. Et le second avec
lui,
C'est
une œuvre intelligente, bien structurée, qui permet de remettre
certaines choses à leur place, introduit certains personnages, pense
à tout le monde, a du être la raison d'un travail de recherche
hallucinat (à noter que les postfaces de chaque épisode sont trop
courtes à mon goût, et elles font 3 pages chacune, c'est dire), et
qui rappelle ce qu'est censé représenter Picsou : un
millionnaire pingre et avide, pour sur, mais avec des principes :
qui s'est enrichi de son travail, et de façon honnête, et pour qui
l'aventure compte (presque) plus que l'argent 1, avec sa
façon à lui d'avoir le sens de la famille2. Et puis si
ça a inspiré un album entier au mec de Nightwish (dont la pochette
est à tomber), donc si ça ça vous convainc pas...
Allez,
on est partis pour un vrai top 5, d'une scandaleuse subjectivité.
5.
Retour à Xanadu (Return to Xanadu) - 1990
Je
mets celle-ci en dernier, car cette chasse au trésor de l'empire
mongol s'avère être la suite d'une histoire de Carl Barks (Beaucoup
le sont, de très près ou d'assez loin), et pour le coup, elle ne
s'apprécie vraiment qu'en connaissant l'histoire qui vient avant.
Histoire dont je ne peux vous révéler le titre vu que... réaliser
qu'on est dans une suite, et dans la suite de quelle histoire, est un
des rebondissements de celle-ci.
Pourquoi
donc choisir celle-ci, s'il est si difficile d'en parler ? Parce
qu'elle contient un de ces moments auxquels on ne s'attend pas. Qui
s'attend, en lisant une histoire de canards Disney, à vraiment
s'inquiéter pour le sort de l'un d'eux, ou à être ému en le
voyant douter ou se sacrifier ?
Mais
aussi parce que c'est une démonstration de maîtrise dans le fait
d'écrire une suite, intelligente, qui sait respecter l'original tout
en y apportant plus. Un exemple.
4.
Le fils du Soleil (The son of the Sun) – 1987
Il
s'agit ici de la toute première histoire jamais déssinée par Don
Rosa, et pourtant tout y est. D'une certaine façon, elle est même
(à mes yeux) supérieure à toutes celle qu'il dessinera jusqu'à
notre n°5.
Alors
certes, le dessin n'a pas la beauté ni la précision de ce qui est à
venir – de l'aveu propre de l'auteur, une grande partie des poses
sont pompées sur des dessins de Barks. Mais les deux premières
pages sont d'une abondance incroyable de détails, de références,
de gags : dès le début, les arrières plans nous offrent la
richesse d'une seconde lecture à la recherche de détails.
De
plus, pour sa première histoire, Don Rosa nous offre une chasse au
trésor à la recherche d'un trésor mythique, et ce en concurrence
face à Gripsou. La première entrevue de Gripsou et Picsou est une
des BD de Barks qui m'a le plus fortement marqué, et j'adore ce
personnage (on aime tous un personnage capable de mettre notre héros
face à ses propres contradictions). Don Rosa, tout en restant fidèle
à Barks, en offre une image plus creusée : il est aussi riche,
aussi malin et intelligent, aussi plein de ressources que Picsou.
Mais il ne recule devant rien, et surtout pas devant un peu de
mahonnêteté. Et tout est là. Dès une première histoire, qui se
lit comme un Indiana Jones inédit... Ce qui n'est qu'un juste retour
d'ascenseur.3
3.
La Quête du Kalevala ( The Quest for Kalevala) - 1999
Dès
lors qu’on commence à fouiller un peu sur le sujet des canards
Disney, il est un point qui ne manque pas de surprendre : leur
popularité en Scandinavie. Dès lors, il est normal que beaucoup des
commande passées auprès de Don Rosa proviennent d’Egmont,
l’éditeur principal des histoires de Canards de la région – et
des journaux associés (entre autres, nombres d’histoires de 1993 –
1995 sont des commandes relatives à des évènements spécifiques
traversés par la Norvège). Pourtant, il s’avère que cette
popularité est la plus grande… en Finlande, ou le
Picsou magazine local est un des journaux au plus grand tirages du
pays.
Un
pays dont l’un des groupes les plus connus voit son guitariste
sortit un album inspiré de ces BDs, je vous rappelle. Un album avec
le London Phliharmonic. Un album dont la pochette est techniquement
le dernier dessin officiel réalisé par Don Rosa (d’ailleurs sorti
de 8 ans de retraite pour le réaliser). Un album qui a été numéro 1 dans ce pays.
De
fait, cette histoire, qui est la plus récente de la sélection, est
la synthèse de cette passion. On y voit notre équipe habituelle
partir à la recherche d’un trésor de la mythologie finnoise, et
se voit, comme instrumenté pour revivre l’épopée originelle,
d’artefact en artefact. C’est la plus longue histoire écrite par
Don Rosa, mais il y a des raisons à cela : on a affaire à une
mythologie connue de très peu (hors de la Finlande), et il faut donc
expliquer le mythe originel avant de nous le refaire vivre. Et ça
paye. Certaines des planches de cette histoire sont pour sûr les
plus belles de l’œuvre de Don Rosa, qui s’acquitte de sa tache
avec humour, intelligence, et respect de la légende. Il y a des
sorcières, des monstres marins, des héros à l’ancienne et des
forgerons, des coups de pied dans le derche, c’est merveilleux.
Parmi toutes les histoires que j’ai découvertes )à l’âge
adulte (ce qui fait grosso modo deux tomes de l’intégrale), c’est
assurément la plus marquante.
2.
Le Dissoutou (The universal solvent) – 1995
Et
ses suites !
Picsou
contre le Chevalier Noir (The Black Knight) – 1998
Le
Retour du Chevalier Noir (The Black Knight glorps again) – 2004
Glorp.
Cette onomatopée hante mon subconscient. L'idée de départ est
simple : A la demande de Picsou, et pour résoudre des problèmes
d'extraction minière, Géo crée un dissolvant universel. Il
compacte tout à l'état de poussière extra – fine et extra
lourde. Tout ? Non, une matière résiste encore et toujours :
le diamant (Le Dissoutou étant gardé dans un bocal couvert de poussière de diamants). Personne ne le prenant au sérieux pendant la
conférence de presse, Picsou renverse le dissolvant au sol pour
prouver comment creuser un puits de mine en 30 secondes, dans un
accès de colère. Petit problème : qu'est-ce qui arrêtera le
solvant universel ?
Bonjour,
c'est moi, Guic', j'ai 12 piges, et suffisament de questionnements
métaphysiques pour pas avoir besoin qu'une BD viennent m'en
rajouter.
Dans
la catégorie « bulshit scientifique », cette histoire se
pose là. Mais elle se pose surtout dans la catégorie bullshit bien
géré. Je me rappelais très bien de cette histoire (et mieux encore
de sa suite mais j'y viens), mais à la relecture, je suis surtout
surpris de... la cohérence, à défaut de réalité, de ce qui est
raconté.
Pour
la suite, Don Rosa crée le seul méchant « récurrent »
qu'il créera, son apport personnel à la mythologie : Le
Chevalier Noir, aka Lucien Arpène, bandit de haut vol qui aime à
faire sa propre pub. Et vider le coffre de Picsou serait le coup de
sa carrière. Et celui-ci met la main sur le Dissoutou. Jamais la
menace ne paraît plus réelle que dans cette BD, où, dans une
armure couverte de solvant, cette parodie de bandit français
s'avance inexorablement, non pas pour voler Picsou mais simplement
faire disparaître sa fortune dans le néant4.... Cette BD
est, je crois, la dernière que j'aie lue en publication magazine (ou
presque), et elle a donc droit à une certaine tendresse de ma part.
Mais aussi, elle est hilarante et stressante à la fois. Donald ne
comprenant pas le langage châtié du chevalier (en V.O., son accent
français, en fait) me fait toujours rire.
Le
troisième épisode de la série est sympathique, même si un ton en
dessous des précédents. Peut-être est-ce aussi que je ne l'ai
découvert que plus tardivement. Cela dit, il permet de faire rentrer
Lucien Arpène dans la légende, et j'espère vraiment voir un jour
un jeune auteur de canards oser le reprendre. Pas forcément pour une
suite directe, mais rien que pour le personnage.
1.
Les Gardiens de la bibliothèque perdue (The Guardians of the Lost
Library) – 1994
Cela
ne pouvait être que le numéro 1.
Je
crois que c’est la première histoire qui m’a fait mettre un nom
sur ces dessins. Une histoire comme les autres mais aussi tellement à
part. Une BD d’aventure tout à la fois drôle et
didactique. L'enjeu, cette fois-ci, n’est pas
directement monétaire, mais il est, tout à la fois, un problème
d’égo et de recherche de la connaissance (qui elle rapportera des
sous).
L’idée
de départ est simple : vexé de ne pas pouvoir mettre la main
sur le manuel des Castors juniors, dont il est convaincu qu’il
renferme le secret de trésors mythiques, Picsou décide d’en
remontrer à nos canards scouts et part à la recherche de la
bibliothèque d’Alexandrie. Tout simplement. Et l’on suit le
devenir du savoir contenu dans la bibliothèque au fil des siècles.
Et d’avoir droit au cours le plus fun jamais donné sur l’histoire
de l’imprimerie et de la conservation du savoir.
Pendant
ce temps, Donald regarde la télé, dans un des running gags qui
m’aura le plus fait marrer. (Autant que le gag de fond de page des pages 3/4 que je vous laisse le plaisir de découvrir. c'est un des tout meilleurs)
C’est
presque l’archétype de l’histoire de canards réussie, et je
sais que je ne suis pas le seul à la considérer comme la meilleure.
Tout y est millimétré, on y retrouve ce talent pour recréer une
Histoire (avec un grand H) où il est difficile de démêler le vrai
(le travail de recherche est toujours impressionnant) du faux, de ce
qui sert l’histoire( avec un petit h), qu’on parcourt avec
avidité. Je me rappelle comme si c’était hier que c’était
le numéro 300 qui a publié cette BD pour la première fois. C’était
celle que j’attendais avec le plus d’impatience en refeuilletant
cette intégrale. Elle tient toujours autant le coup. Foncez mes
amis, foncez.
(Un mot tout de même sur le pilote: Ca s'annonce bien, malgré une paire de trucs qui me prennent à rebrousse-poil... Et surtout, vu ce sur quoi ils finissent l'épisode, je pense qu'ils vont dans une direction tout à la fois très encourageante et très dangereuse...Mais en tous cas ils y vont. Mattez cette série, elle est prometteuse.)
Et sinon, non sans avoir partagé avec vous que je remarque à quel point ça ne sert à rien d'indiquer les noms originaux des histoires parce qu'aucune traduction ne s'en écarte trop, je dois bien vous laisser en musique. Et non, vous allez pas y couper (en plus j'aimerais presque ce titre là):
1
D'ailleurs (j'ai la flemme de faire le calcul), mais sur l'ensemble
des trésors qu'il trouve, très peu finisse par rejoindre sa fortune
personnelle.
2
De fait,
sans trop spoiler pour ceux ne l'ayant pas lu, le rapport à la
famille est un des plus fascinants axes du truc. A noter que j'aurais
presque tendance à ajouter au lot le bien plus tardif « Une
lettre de la maison » (A letter from Home, 2004), qui pourrait
en quelque sorte faire office de conclusion... à toutes les
histoires de Picsou jamais écrites, mais surtout au dernier sujet laissé en suspens à la fin de la série originale. Pas étonnant que Don Rosa ait
pris sa retraite 3 histoires plus tard. (Et seule la toute dernière
qu'il ait écrite justifie un peu qu'il ne l'ait pas prise juste après
celle-ci), tant la boucle semble bouclée... et c'est à en chialer.
3
Il est connu et revendiqué par ses créateurs que la scène
d'ouverture des Aventuriers de l'arche perdue empreinte beaucoup (beaucoup) aux
7 Cités de Cibola de Barks. Il ne me paraît pas idiot
d'imaginer que le regain d'intérêt pour les histoire de Picsou à
la fin des années 80 ne soit lié au succès de l'archéologue
aventurier. A noter aussi que quand Picsou trouve enfin l'Arche
d'Alliance et le Graal, leur découverte est bizarrement... passée
sous silence, volontairement, pour deux raisons: 1. Indiana Jones les a déjà trouvés, 2. Elles restent des reliques religieuses, dont le traitement dans une BD pour enfants est... délicat).
4
« Oui mais bon, Picsou il possède la moitié des compagnies de
la ville, il se refera une fortune en un rien de temps ».
Certes, mais chaque pièce, chaque trésor de son coffre vaut à ses
yeux plus pour le souvenir de l'aventure ou du travail qui a permit
de l'acquérir que sa valeur intrinsèque (ça me paraît utile de le
préciser)