vendredi 19 avril 2013

Le Rock Critic est aigri le 20 Avril

Demain c’est le fameux « Disquaire Day ». Vous ne pouvez pas ne pas être au courant à moins de vivre dans une cave privée d’Internet, et même à la radio et à la télé ils en parlent. Eh bien, tout discophile que je sois, je pense que je vais m’offrir le luxe d’une grasse matinée, car je vais être honnête avec vous : je n’en peux plus. Je ne supporte plus d’en entendre parler, je ne supporte plus ce débordement d’enthousiasme feint et sans fin.


L’amour dure trois ans

Pourtant la première année j’étais plutôt du genre motivé, enjoué moi aussi. J’avais traversé Paris dans tous les sens, retrouvé des potes dans quatre boutiques différentes et achevé ma soirée en voyant Jay Mascis en concert, il n’y avait vraiment pas de quoi se plaindre. Mais depuis… Eh bien depuis, déjà, je suis devenu sinon plus blasé, du moins plus connaisseur. Quand il s’agit d’aller quérir des vinyles, maintenant, je sais où je dois aller, je sais quelles boutiques m’intéressent, pour quels disques. Alors peut-être que je ne comprends pas ce jour parce qu’il ne me concerne pas vraiment (surement de la même manière que  - enfin peut-être, en vrai j’en sais rien – les gothiques trouvent qu’Halloween c’est naze).

Déjà l’an dernier, en me présentant devant un Gibert Joseph lyonnais bondé à l’ouverture, j’étais plus dubitatif quant à l’évènement. Parce que j’ai vu de mes yeux l’existence de ce que je suspectais pourtant mais qu’une part de moi (le hippie vivant en moi) refusait d’accepter : les spéculateurs. Et ça m’a juste gonflé au plus haut point de me faire bousculer par des mecs qui se rue sur la moindre édition (très) limitée. Sont-ce des collectionneurs maniaques ou juste, comme mon cerveau l’imaginait dans cet instant, des personnages méprisables qui seront connectés sur eBay moins de 10 minutes après leur passage en caisse, je n’en sais rien. Toujours est-il que j’ai chopé la réédition de « Face to Face » en partie pour empêcher le mec qui avait déjà pris « Something Else » et « Arthur » d’avoir la complète (édition limitée disais-je : un exemplaire de chaque dans le magasin). Ça reste un des disques les plus… cons de ma discothèque (le principe de la réédition 2 LP avec l’album en mono sur un et en stéréo sur l’autre, c’est un peu débile) ça reste un bel objet, et un album fabuleux. Mais je reste un brin amer en repensant aux circonstances de son achat. Mais bon, j’avais fait picoler Xavier, j’avais des bons disques à réécouter le lendemain, j’allais pas me plaindre. Et puis…

Aussi belle qu’une balle (dans le pied)

Enfin, pour être pleinement honnête, je trouve que l’initiative est bonne. Créer un jour pour rappeler l’importance que peut avoir un disquaire en tant que conseiller c’est une bonne chose. Un disquaire, c’est pas le mec en gilet de la Fnac (voire pire – de Virgin1), c’est pas non plus la rubrique « les acheteurs de ce produit ont également acheté… »  Un vrai disquaire, c’est l’ami de vos oreilles et l’ennemi de votre portefeuille. C’est quelqu’un qui finit par connaître tes gouts, et qui te conseille des trucs qui te plaisent même si tu lui demande rien. C’est un passionné qui a franchi un cap que toi tu n’as pas franchi : dévouer, à sa façon, sa vie à partager son goût pour la musique. C’est le prêtre de la grande confrérie des geeks musicaux, chacun a sa paroisse, ce qui n’empêche pas d’aller prêcher ou se faire sermonner dans d’autres chapelles, à l’occasion.

Sauf qu’évidement, un simple « jour des disquaires », pour noble qu’il serait, ne serait surement pas efficace. Il faut, si j’ose dire, de la matière. Des disques. Le disquaire Day sans disques spéciaux, ce serait comme le Téléthon sans Gérard Holtz qui te dit de te mobiliser. Et qui fait les disques ? Les maisons de disques. Ca y est, l’arme est chargée.
On sait tous que des années durant, les majors ont infiniment plus préféré traiter avec… les majors disquaires (donc les Fnac et Virgin – je ne sais pas si Gibert compte vraiment aussi ou pas… Et c’est volontairement que je ne compte pas les « Espaces Culturels Leclerc ») parce que ça facilité les circuits de distribution et que ca permet de toucher plus de monde. Il y a une logique au fait que les disquaires survivants qu’on peut trouver aux quatre coins de Paris soient généralement axés « vinyle ». Ils ont survécu parce qu’ils dealaient ce que les gros avaient arrêté de produire et ce que les autres gros ne voulaient pas vendre.

Bref, faire intervenir les maisons de disques dans la célébration des disquaires, c’est une idée qui paraît presque logique à la base, mais dans les faits… C’est comme de demander à Phillip Morris d’organiser la journée mondiale anti-tabac.

Vinyl Vidi Vici.

Il manque juste un petit détail pour finir de mettre en place le piège. Et ce détail… Il est là depuis un an. Mais il est aussi là depuis quoi… 60, 70 ans ? C’est évidemment le vinyle. Format qui ne cesse de faire son retour en force. Depuis dix ans. Au moins.
On ne compte plus les reportages sur « le retour du vinyle », il y a même eu un article sur le sujet dans Télérama, et tout le monde a en tête cette citation d’un grand philosophe français amateur des pantalons en pied-de-poule : « Les gens se remettent à acheter du vinyle. On a même pressé le dernier Marc Lavoine sur ce support ».
Et la grande valse des arguments spécieux de commencer, comme s’il avait fallu 30 ans aux gens pour réaliser que la pochette est plus grande sur un vinyle que sur un CD. Oui, bien sur il y a une part de snobisme là-dedans. De la part des gens se remettant à acheter des vinyles , par volonté de pas faire comme tout le monde, par envie de montrer qu’on est pas n’importe qui, qu’on sait vraiment apprécier la musique et qu’on sait que le son du vinyle est plus chaleureux (« depuis que j’ai encodé mon vinyle de Woodkid en USB, mes mp3 sonnent plus tendre dans mon oreille ».) De la mienne évidement, qui ne veut surtout pas, surtout pas, ô grand jamais être confondu avec ces gens. Une fois on m’a sorti qu’acheter des vinyles c’était un truc de hipster. C’est super dur de contredire une telle accusation. Parce qu’il est toujours plus facile de faire quelque chose que d’expliquer aux impies les causes profondes qui t’amènent à le faire.
Bref, le retour du vinyle, c’est la poule aux œufs d’or qui fait fantasmer l’industrie musicale mourante. L’option qui va la sauver. L’évidence. Vendons de la merde, oui, mais en vinyle. Parce que le truc génial, c’est que le vinyle, c’est plus cher que le CD. Ben oui. Quoi ? Comment ça, quand le CD est sorti c’était plus cher que le vinyle et c’est resté comme ça pendant presque toutes les années 90 ? Affabulations, jeune homme, le vinyle est plus cher forcément, vu que c’est plus beau et plus fragile. Alors quand en plus il est rare…

Medium Rare

Tout est prêt. Il suffit de sortir des vinyles, spécialement pour l’occasion, à tirage limité. Très limité. Trop limité. Créer du « collector immédiat », du truc qui sera tiré à quelque 100, 300, 500 exemplaires max. Et profiter de la possible perspective d’en tirer le double, triple sur eBay, pour faire grimper un peu les prix. Dès l’instant où les gens foutent les pieds chez le disquaire et achète quelque chose, le contrat du Disquaire Day est rempli, non ?
Sauf que l’amateur n’y trouve pas son compte. 300 exemplaires répartis sur toute la France, la probabilité de foutre la main sur un est quasi-nulle si on est pas au bon magasin à l’ouverture. Bon, certes, on peut espérer un peu en le mauvais goût des gens pour nous laisser des trucs, mais on n’est pas là pour ramasser les miettes des sandwiches que d’autres auront beurré. Que voulez-vous, l’égo.

Je n’ai rien contre les tirages limités, ceci dit. Quand ils sont justifiés. Des disques tirés à 300, 500 exemplaires, il y en a plein, souvent parce que l’investissement est conséquent, qu’il faut pouvoir les écouler. Bon, ok, pour amuser les gens on en fera 200 sur vinyle coloré, mais bon, on va pas limiter le pressage à ça. Et peut-être que si on vend tout, on en repressera. Mais le but de base reste de faire circuler, faire découvrir quelque chose.
Là, ce n’est pas la même chose. La volonté de créer du collector, puis la nécessité de dispatcher à l’échelle européenne font que… les disques les plus intéressants se trouveront en nombre oscillant entre 50 et 150 exemplaires à l’échelle de la France. Or ce n’est pas comme si EMI ou Universal  risquaient leur PEL à presser quelques exemplaires de plus d’un vinyle, malgré ce qu’ils racontent.

Prenons un exemple fort simple : Demain parait l’enregistrement live de Stephen Malkmus reprenant, avec quelques amis, l’album Ege Bayamsi de Can. Le truc est suffisamment intriguant, intéressant, pour que sans trop y réfléchir, je décide de l’acheter. En plus, c’est publié par Domino, qui a une politique tarifaire plutôt réglo concernant les vinyles. Sauf que, nombre d’exemplaires en vente en France : 100.
Passé la déception et la colère, le bilan à en tirer est simple : je vais pas pouvoir mettre la main dessus, et quand bien même j’y arriverais, je suis dans l’instant tellement gonflé par le fait qu’il y en ait si peu qu’il est possible que je le prenne même pas. Corollaire : par contre, je vais pas me priver d’essayer de le choper en mp3.
Même ordre d’idée (amusant) : l’an dernier, pour contenter les fans de Bowie, EMI a décider d’éditer un 45 tours de « Starman » en picture disc. Même si je suis pas fan des picture disc, je dois avouer que l’objet était plutôt joli, et puis, on le sait tous, le titre est fabuleux… Mais bon, le prix était tel que pour un ou deux euros de plus, il était possible de s’acheter l’album entier sur vinyle. Qui est également un objet plutôt joli, et avec encore plus de titres fabuleux, non ? (Remarquez : cette année, ils remettent ça avec « Drive-in Saturday »)

You go bangin’ on

Reste la question essentielle : ce jour-là profite-t-il aux disquaires eux – mêmes ? C’est beaucoup d’organisation, de travail, de stress (on n’est pas à l’abri d’une commande qui n’arrive pas)… Cela en vaut-il le coup ?



Huh? 7" by Coldplay? Get the Hell out of my store!

Bon, entre le ram dam fait autour du truc, la présence toujours possible de collectionneur obsessionnel et les spéculateurs, je ne doute pas que ce jour s’avère rentable du point de vue strictement financier. Par contre, la question reste de savoir si cet évènement permet vraiment de se faire découvrir par de nouveaux clients ? D’expérience, j’aurais tendance à en douter. Le nombre de gens ayant si j’ose dire la « politesse » de ne serait-ce que dans les rayons non estampillés « Record Store Day » paraît minime. Alors y acheter…
Un peu comme un magasin de fringues pendant les soldes, sauf que les gens se ruent sur les trucs plus chers que d’habitude.

Le plus joli des (passez-moi l’expression) « coups de pute » autour du Disquaire Day 2013 vient, étonnamment… des maisons de disques elles-mêmes (enfin de certaines), qui n’ont pas l’air d’avoir tout compris. Je vais pas me gêner pour les citer : demain, PIAS et Tricatel (et peut-être d’autres, je ne sais pas , n’hésitez à me dire lesquels) décident d’ouvrir un disquaire éphémère dans leur locaux, pour écouler leurs disques. C’est une bonne idée, j’aime beaucoup le fait de couper les intermédiaires… Mais pourquoi concurrencer soudain les disquaires lors du jour où l’on est censé les faire découvrir et les célébrer ? Où est la logique ? Il vous reste 364 jours par an pour faire votre opération portes ouvertes, les gars, oh ! Je comprends que vous ayez envie de participer, mais… c’est quand même un fabuleux coup de couteau dans le dos de certains de ceux qui vous permettent de tenir tout le reste de l’année, non ?


Mais mis à part ce petit coup en traitre, le Disquaire Day permet – il aux disquaires indépendants  de se faire de nouveau clients, ou juste de subir une journée en enfer, en ayant cependant l’occasion de voir l’adresse de leur échoppe recensée sur le site de l’évènement ? Sincèrement, je n’en sais rien. Mais j’espère vraiment que d’une certaine façon ça leur réussit. Parce que je sais que mon disquaire remplit pour moi le rôle que les maisons de disque et la radio ne sont pas foutues de remplir, et que j’aimerais bien, moi, qu’il en tire quelque chose : que plus de personnes se mettent à l’appeler « mon disquaire »
En attendant d’en savoir plus, je continuerais à considérer que le Disquaire Day est à la musique ce que la Saint Valentin est à l’Amour : un jour où l’on se sent obligé d’acheter une connerie pour montrer à quel point c’est important pour soi. Reste que demain, je vais peut-être rester couché, et passer seulement quand après la vague, ou peut-être pas. Pour deux raisons. La première, c’est qu’avec moi, c’est Disquaire Day toutes les semaines, je n’ai pas besoin qu’on me dise quel jour je dois passer. La seconde, c’est qu’il y a de grandes chances qu’au milieu de la foule, la seule chose que j’aie vraiment envie d’acheter soit une arme. Une arme blanche, bien évidemment, restons analogique jusqu’au bout.



PS : Je suis le premier surpris d’écrire un article aussi « sérieux ». Promis je le referais pas.

1 C’est pas mon genre de tirer sur les ambulances, mais… Je me rappelle, au moment de la liquidation de Virgin, avoir eu une conversation avec quelqu’un m’ayant sorti « quand on voit ce qui se passe avec Virgin, j’ai décidé de ne plus acheter sur Amazon »… Après avoir ri il m’a paru utile de rétablir la vérité : Virgin, en termes de musique, c’était quand même des prix (hors promos 4 disques pour 20 €) rédhibitoires, des stocks pourris (comprendre : de la merde à la pelle, mais plein de simplement absents – et je parle même pas du classement « stylistique » fait avec les pieds - même à celui des Champs-Elysées) et des vendeurs conseillers désagréables et incompétents. Mais ça personne il l’a dit à la radio.

mardi 9 avril 2013

19. The Smiths

Cet article est prévu depuis longtemps, mais il a fallu que les événements me poussent au cul. Depuis a création de cette rubrique, je sais que mon top 5 Smiths invitera Thomas, et je ne vous cacherais pas que quand il a décidé de fermer le Golb, ma première (bon, ok, seconde) pensée fut « Mais, et le top 5 des Smiths alors... »
Et quand il l'a rouvert c'est lui-même qui me signifia : «  tu sais, mon top 5 Smiths il est prêt depuis 2 ans, hein ».
Il y a un mois, je lui ai dit que de se tenir prêt parce que j'allais sûrement m'y mettre sous peu, les conditions m'étant favorables. Samedi dernier, il me fit comprendre qu'il attendait toujours. Dimanche midi, j'ai attaqué l'écriture en revenant de déjeuner chez mes parents. C'était mauvais j'ai rien gardé. De ce que j'ai écrit, pas du déjeuner. Ce matin, je m'y suis remis, au boulot. Pire encore.

Mais le monde étant ce qu'il était et mon esprit voyant des symboles partout, ben voilà, j'ai plus trop le choix.

http://www.tasoeur.biz/images/2011/12/24/the_smiths.jpgLes Smiths sont un des groupes que j'écoute aujourd'hui encore le plus régulièrement avec toujours le même plaisir. Le temps ne semble pas avoir de prise, et la lassitude qui serait pourtant légitime (il y a longtemps que l'intégrale de ce qu'ils ont fait est gravée dans mon « Juke Box mental ») ne semble pas prête de s'installer. C'est également un groupe qui surgit dans les moments les plus improbables, et la plupart de mes proches ont déjà entendu parler de la fois où, pendant les soldes, j'ai acheté un costume non soldé, juste parce que « This Charming Man » s'est mis à résonner dans le magasin au moment précis où j'entrais dans la cabine d'essayage. Bon, aussi, le costume m'allait bien et j'avais besoin d'un costume, mais vous saisissez l'idée.
J'ai découvert les Smiths à l'exact moment où il fallait pour que je les aime. C'est à dire quelques mois avant d'être diplômé. Il y a à mes yeux une incroyable logique là-dedans. On dit toujours que le rock est la musique de l'adolescence, ceci cela. Les Smiths, paradoxalement, et sous des dehors de romantisme ado exacerbé, est pour moi le groupe du passage à l'âge adulte. Je serais bien en peine d'expliquer pourquoi. Mais c'est prégnant, ne serait-ce que parce qu'il faut une certaine maturité (et une certaine pratique de la langue anglaise) pour saisir (sinon apprécier) la finesse, la profondeur, l'intelligence du songwriting de Morrissey. Donc oui, on risque de parler paroles, ne serait-ce que parce que ; plus encore que Dylan, je suis intimement convaincu que les Smiths font partie de ces artistes que les obtus pensant que « Les paroles c'est pas important » ne parviendront jamais à apprécier.
E même temps c'est bien fait pour eux.




Still Ill

Parce que c'est la chanson qui m'a, a première, fait réaliser que, plus qu'un bon parolier, Morrissey est un garçon qui a le sens de la formule. A l'image de son idole Oscar Wilde, il est capable, par-delà le simple fait d'être un bon auteur, de lancer parfois un trait de génie. Qui dans beaucoup de cas sera la seule chose que les gens retiendront, utiliseront hors contexte et gâcheront. (Wilde, Morrissey, Desproges, même combat)
I decree today that life is simply taking and not giving
There is a brighter side to life, and I should know bcause I've seen it, but not very often
On pourrait à l'aise citer l'intégralité du texte. Surtout qu'il n'est pas si long.

Mais il convient également d'ajouter un mot sur le musique, tout simplmeent, vu que ce morceau est caractéristique du style « Smiths, » à savoir quelques accords rêches, des arpèges rapides et ce son de la Rickenbacker de Johnny Marr... Et le tout porté par une ligne de basse bondissante, obsédante... Plus Smithien que Still Ill, tu meurs.





What she said

Johnny Marr's Guitar, round 2. Assorti d'une comparaison surprenante.
J'adore ce son. Ce son de guitare tournante, tourbillonnante qui ne s'arrête jamais ou sinon pour laisser place à une respiration qui ne servira qu'à repartir de plus belle. D'instinct, le seul morceau qui me vient immédiatement à l'esprit est … le Bodies des Smashing Pumpkins. Et j'ai une tendresse particulière qui me vient à l'idée que mon adolescence s'est ouverte et fermée sur ce cette même structure obsédante. Et quand bien même ce serait faux, mon goût de la symétrie s'en félicite.
Il va de soi que les paroles hilarantes, et le chant enjoué et envenimé de Morrissey ne ont que des raisons supplémentaires de la présence de cette chanson ici. Raison de plus : c'est peut être la seule chanson dont je préfère presque la version live de « Rank », où le morceau est « medleytisé » avec « Rubber Ring »... et la relance finale de l’assaut des guitares, Morrissey yoddlant la fin de Rubber Ring par dessus est, étonnamment, un de mes passages préférés de l’œuvre entière des Smiths.






I know it's over

C'est ce morceau qui m'a converti. Il se devait donc d'être là. Déjà il est construit selon un crescendo long de 6 minutes, ce qui en fait un morceau comme je les aime. Ensuite, il mêle une véritable tendresse à la limite de l’apitoiement à un sarcasme, un cynisme appliqués au narrateur lui-même qui ne peuvent que m'évoquer... ben moi, un peu. Ensuite, ce morceau a été la Bande Originale d'une période des plus bizarre e mon existence, le sus-cité passage à l'âge adulte, ou plutôt du moment précis où j'ai réalisé qu'il allait arriver sous peu et que j'allais devoir prendre d'une façon ou d'une autre ma vie en main... chose assez flippante, alors quand on sort d'une histoire sentimentale ratée (pas dans le sens nulle, mais plutôt celui d'une opportunité mal négociée et donc ratée à même d'emplir de remords), qui s’enchaîne avec une autre histoire, plutôt à ranger dans la catégorie « mort-née », celle-là... le désespoir et l'espoir mêlés de ce titre, et ses mots durs, mais juste, qui brisent tout autant qu'ils permettent de se focaliser et d'aller de l'avant, on les écoute plus d'une fois, je peux vous le dire.

It's so easy to laugh, it's so easy to hate. It takes strength to be gentle and kind.

Cette phrase est si simple et évidente qu'elle paraît niaise. Pourtant Dieu sait qu'elle est difficile à appliquer. Mais si tu es si malin pour la trouver niaise... Pourquoi es-tu seul ce soir?





There is a light that never goes out

Niaisierie épisode 2 ?
Soyons honnêtes un millième de seconde : le texte de cette chanson est presque à même d'interdire à jamais de dire que les Beatles ont écrit quoique ce soit de niais. Cette chanson est emplie d'un romantisme adolescent exacerbé à l'absurde, tout y est, et se terminer par l'extase de la mort des amants, tout amplifiée à l'extrême... Et c'est bien évidement cela qui rend ce titre imparable. Peu de chansons ont le même talent lorsqu'il s'agit de m'emplir de joie, d'espoir, de courage. Dès que résonne l'intro, mon cœur s'allège, je souris, et je nourris les rêves les plus fous.
Un jour que j'allais boire un verre avec une file qui me plaisait vraiment, un peu stressé par la possible issue négative de la soirée, j'entendis ce titre résonner dans le bar alors qu'on avait à peine posé nos manteaux. Soudain, le cœur léger, le goût du symbole, aussi, m'envahissant, l'issue de la soirée ne faisait plus de doute, no matter what, j’allais me lancer, tenter ma chance. Bien m'en a pris.

(Certes, je me suis fait larguer par téléphone 70 heures plus tard mais quand même.)





Ask

Finissons-en, bouclons la boucle. Si les Smiths ont accompagné ma sortie de l'adolescence, Morrissey est également celui qui a le mieux résumé l'ado que j'ai pu être. Au final, c'est peut-être ça, la fin de l'adolescence : c'est quand on prend conscience qu'on a été un adolescent. Donc, souvent, un imbécile. Et qu'on prend conscience de ce qu'on a pu être de ridicule, d'aveuglement, de bêtise. Qu'on pense aux erreur qu'on a faites, mais également à celles qu'on a pas faites, aux occasions manquées, aux choix qu'on a mal faits, aux filles qu'on a pas osé approcher. Au ridicule petit gars qui se prenait pour Rimbaud, dans ce carnet noir, enfermé dans la chambre à l'étage. A ses parents qui utilisaient cette phrase qui déjà semblait ridicule à l'époque « Tu vas pas rester enfermé, il fait beau dehors ». Et donc, chaque fois que résonne « Shyness is nice, and/Shyness can stop you / From doing all the things in life / You'd like to (...)Spending warm summer days indoors / Writing frightening verse /To a buck-toothed girl in Luxembourg », je me rappelle pourquoi j'aime les Smiths. Parce qu'ils me parlent. A moi, mais aussi au moi passé, et sûrement, au moi futur. Qu'ils sont là pour sermonner le moi lâche, pour encourager le moi hésitant, pour botter le train du moi timide, pour accompagner le moi qui ose. Et que j'entends que ça reste comme ça pour longtemps, jusqu’à ce que je tombe « Asleep » et qu'on ai à me conduire aux « Cemetery gates ».





La Selection de Thomas se trouve ICI.

mardi 12 février 2013

Nick Cave and the Bad Seeds, Live au Trianon (Paris, 11 Février 2013)

Lyon. Un week-end de 2007. Ou de 2008. Probablement 2008. Par contre, je n'arrive plus à me rappeler lequel, ni ce que je faisais à Lyon. Ca devait être 2008, parce que si j'ai écouté Nick Cave plus que de raison quand j'étais à Lyon en 2007, ce n'est qu'en 2008 que j'ai acquis Abattoir Blues / the Lyre of Orpheus. A Lyon pourtant. Ma mémoire n'est sûrement plus ce que je crois qu'elle était.
Toujours est il que je déambulais dans la Gare de la Part-Dieu quand c'est arrivé. Soudain, pour la première fois depuis des années, un titre, que j'avais pourtant déjà écouté quelques fois auparavant, m'a collé, d'un coup d'un seul, lors d'une montée / pont final, un sévère coup derrière la tête. Et me voilà, figé, frissonnant, au milieu de gens courant après leurs trains.

Hey, little train, wait for me. I once was blind, but now I see...

La seule raison pour laquelle je vous raconte ça, c'est que je ne me suis rappelé de ce moment de ma vie qu'hier soir. Elle est là la puissance de l’œuvre Cavienne (c'est cela dit le propre de l’œuvre de tout Grand), celle de nous dire, de nous rappeler de nous découvrir nous-mêmes.

Les Cavistes (que j'espère nombreux parmi les lecteurs de ces pages) ne devraient pas avoir besoin de plus que ça et de la setlist du concert d'hier pour comprendre à quel point j'ai passé une soirée extraordinaire. Mais c'est un peu court (jeune home) pour les autres, donc voilà.

http://blogs.lexpress.fr/judebox/wp-content/blogs.dir/687/files/2013/02/59ce89d2-630x630-300x300.jpgJ'ai décidé de prendre une place pour le concert de Nick Cave au Trianon pour la raison la plus con du monde : pour me venger de n'avoir pas pu avoir une place pour le concert de Pulp à l'Olympia. Je voulais y être, presque plus que je ne voulais y assister. Car voyez-vous, le petit problème, c'est que ce concert était là pour présenter le nouvel album. Nouvel album qui ne sort que lundi. Mais que tout le monde a déjà écouté. Sauf moi. Parce que tant qu'à faire, je voulais faire les choses bien. C'était ma première fois avec Nick Cave, tout de même.

Or justement, le problème c'est que l’œuvre du gars ces dernières années n'était pas vraiment à l'image de ses gloires passées. Si j'osais, j'avouerais que le dernier morceau de sa main qui m'ait vraiment entièrement convaincu, c'est « No Pussy Blues ». 2007, donc.
Enfin, ça c'était avant hier soir.

La salle du Trianon est charmante, avec ses sculptures et ses labris ses balcons en corbeille, sa moquette râpée de centre de Sécurité sociale. Le long rideau rouge pend sur la scène , et on se dit qu'au moins, le lieu est agréable – ce qui n'est pas plus mal vu qu'il faut y retourner dans quelques mois. En attendant qu'arrive Ska, et faute de pouvoir payer autrement que par carte bleue, je sirote un Jack Daniells 1 pour me mettre dans l'ambiance quand s'ouvre soudain le rideau rouge... sur un écran. Pour la diffusion du making of du dernier album. Ce n'est pas la chose la plus fascinante du monde, mais ça occupe. Surtout que (c'est le barman qui me l'a dit) le concert commençant à 20 h 30 ça ne devrait plus tarder.

C'est à ce moment que je retrouve Ska et sa chère et tendre. On discute quand le noir s'abat sur la scène. Les Bad Seeds ont tellement changés qu'on peine à reconnaître les musiciens, sauf évidement Warren « Robinson » Ellis. Il faudra que le Caveman himself excuse un Thomas Wylder malade pour réaliser que le batteur remplaçant de ce soir n'est autre que... Barry Adamson!2
Le groupe est accompagné, j'ai oublié de le dire, de plusieurs choristes : deux jeunes filles et quatre enfants, auprès desquels un Nick Cave étonnamment joueur avec son public ce soir ne cessera de s'excuser à chaque insulte proférée. (Enfin, à chaque « fuckin' ». Et ça fait fuckin' souvent).



Nick Cave, lui, n'arrive évidement qu'en dernier pour s'emparer du micro et saluer la salle, avant d'annoncer le programme de la soirée : Jouer d'abord le nouvel album dans l'ordre (« et non en shuffle comme tout le monde l'écouterai de nos jours »), puis ensuite jouer « some other old stuff ». On signe évidement des deux mains. Surtout pour les old stuff, parce qu'on vous rappellera ma situation : Cave ne m'a pas convaincu sur disque depuis … 2004 ?, et je ne sais pas encore vraiment à quoi ressemble l'album.

Dieu merci, les titres sont doux, Cave articule suffisamment bien pour que même dans les moments où je suis un peu moins convaincus (moments étonnamment rares, car, je le découvre ce soir même, l'album est plutôt très bon), je peux m'accrocher à l'écoute des paroles pour être certain de ne pas m'ennuyer un instant. Cela entraînera évidement quelques instants d'incompréhension (« Attends, c'est moi ou il vient bien de chanter « Wikipedia is heaven » ? Attends, il vient pas de dire « Hannah Montana » ? Faut croire, il vient de dire « Miley Cyrus ». Oh merde. Dans une chanson qui s'appele « Higgs Boson Blues »3)

Du nouvel album, je retiens surtout « We know who U R », ouverture sombre et tendre, « Jubilee Street » et « Finishing Jubilee Street », « Higgs Boson Blues », et le titre intitulant l'albm « Push the sky away » (Ce titre résonne particulièrement en ce jour de papauté démissionnaire, d'ailleurs...)

D'un certain côté, alors même que je me fais terrasser par certains titres, je sais que j'ai fait tout à la fois le bon et le mauvais choix. Découvrir Jubilee Street et son final, comme ça, sur scène, c'est le meilleur moyen de le découvrir, explosif, tranchant, impressionnant... Mais enfonçant fatalement, pour toujours, tout espoir d'être jamais réellement convaincu par son pendant studio qui n'atteindra jamais la même énergie, ne me mettra jamais, jamais, malgré toute la bonne volonté que le groupe comme moi pourraient y mêler, dans le même état que durant ces instants fugaces de communion.
Le même problème se posera pour « Higgs Boson Blues », même si l'incongruité des paroles me permettra de garder un peu plus les pieds sur terre.
Push the sky away conclut la première partie du set sur une note douceâtre, m'inspirant une image pas très inspirée à base de Leonard Cohen meets Kid A. La métaphore est pourrie, mais la chanson est belle.

Alors voilà. On est déjà très convaincu par l'album qu'on vient d'entendre. Mais d'un autre côté... C'est maintenant que l'excitation monte vraiment. Vraiment.

« And now, as promised, let's play some old stuff ».

On a à peine le temps de respirer qu'on abandonne tout ce qui faisait l'ambiance de la première moitié du concert. De halos pâles, la lumière s'ensanglante soudain, Nick saisit le micro et...

« I wanna tell you about a girl »

Non... Si.

From her to eternity, comme ça, direct. Plus de mélancolie, mais du sombre, du violent, Cave gesticulant, sautant, éructant... Nick Cavant. Il est en forme pour un vieux. Et il ne nous laisse pas vraiment de répit, nous entraînant dans la poisseur de sa discographie passée... Car à peine achevée cette performance sur un de ses titres de jeunesse... sonnent le glas. Non, sérieusement, Nick. Red Right Hand ? Maintenant, comme ça ? A croire qu'il veut convaincre au plus vite ceux qui auraient pu ne pas l'être suite à la première partie...



Mais bon, on ne peut pas tout faire dans la poix... Il est donc temps de remettre un peu de lumière dans ce théâtre. Ce sera O Children, qui, une fois que j'aurais compris qu'en fait ce n'était pas Easy Money, me bloquera à mi chemin entre le Trianon en 2013 et la Gare de la Part-Dieu en 2008. Oui, disons 2008, vous l'aurez deviné.
Et afin de vraiment poser les choses, de calmer l'ambiance à nouveau, ce sera the Ship Song, avant de dire bye-bye aux choristes (il est 22h, c'est l'heure de coucher les enfants.) Et ainsi, pendant encore quelques titres, les Bad Seeds, entre eux, de nous offrir, selon l'humeur, ce savant mélange de sang, de sueur, de larmes et de foutre qui constitue le cocktail unique de l’œuvre de Nick Cave.

A nouveau, on repart d'un sommet de violence avec Jack the Ripper, menée de main (de fer) de maître.4 Et on se surprend à découvrir ce groupe, ancien, rodé, déroulant ces titres avec une fougue et une énergie et une bonhomie (j'ose le terme) attendrissante. Pro, mais humains. Sauf le grand maître de cérémonie, pénétré, qui aimante le regard. Il y a là un déséquilibre aussi fascinant que frappant, ant, derrière lui, le groupe semble s'amuser tandis que lui prend les choses au sérieux.... Sauf que... sauf qu'il est un moment ou tous doivent s'amuser, et ce sera Deanna. On connaît tous ce titre, ce n'est pas lui le pic de la carrière des Bad Seeds, c'est, mais il est impossible de bouder son plaisir, surtout sur une version live aussi entraînante5.

Maintenant on s'en doute, il est temps de rebaisser le ton d'un cran, et le patron de s'installer au piano (dont on découvre l'existence à ce moment à vu qu'il n'avait pas servi jusqu'à présent!). C'est le moment souffrance. Your Funeral, my Trial, puis... Love Letter. Love Letter, Love Letter...
Paradoxalement, ce sera le moment « bas » de cette session (enfin à mes yeux), ce qui est surtout le preuve (sinon de mon manque de goût diront certains) du côté relevé de ce menu best of. Qui doit bien évidement s'achever en feu d'artifice...

I begin to warm and chill... To objects and their field....

Évidement. En plus la gonzesse derrière moi arrêtera enfin de gueuler « The Mercy Seat » à la fin de chaque morceau. Sauf que. Insatisfait par le démarrage, le groupe reprend le morceau, à l'instigation de son chanteur, depuis le début. Pour finir en apothéose, avec cette coda démente qu'on connaît tous (si vous ne connaissez pas, vous devriez).

Essoufflé, ravi, fasciné, même pas vraiment capable de râler que j'ai pas entendu telle chansons tellement je suis ravi et convaincu, j'attends. J'attends le retour, le rappel. Qui bien évidement viendra. Dum dududum... tou doudoudoum. Voilà. La conclusion. La folie, le sang, la sueur, le foutre, les larmes et le Diable : Stagger Lee. On ne saurait rêver meilleure conclusion. Les lumières se rallument pour nous indiquer la sortie, on a pas envie, mais bon.

Je sais, je ne suis pas à la hauteur pour résumer ce concert qui aura su me donner la chair de poule comme peu y sont parvenus auparavant... J'en suis désolé. Mais j'ai vu l'Apocalypse, et c'était beau.

Il est temps pour certain d'aller chercher les enfants, pour d'autres de rentrer... Et d'aller se coucher, en glissant dans le radio-réveil « The Lyre of Orpheus »...

O Children... Rejoice. Rejoice.






Setlist : Je vous ai détaillé tous les titres, donc c'est pas la peine non plus....


1 Oui, c'est décidé, vu les échos que j'ai eus de mon compte rendu de Rock en Seine, j'ai désormais décider de détailler toutes mes boissons dans les compte-rendus de concert. Rassurez-vous, je varierai les breuvages, et c'était mon seul verre de la soirée.
2 Je sais, ça ne peut faire (sou)rire que les cavistes nerds, et encore.
3 Cette chanson m'a bizarrement touché, en ce sens que j'y associe plein de trucs, eut égard à son truc, qui ne sont pas dedans. D'une part le blues du but atteint sans but vers lequel aller après – comme ont du le ressentir les physicien qui cherchaient à prouver l'existence dudit boson... Et se sont fait doubler. D'autre part, le fait que j'en ai appris la découverte via un texto qu'on m'a envoyé alors que j'étais en route pour un enterrement. Dieu que c'est triste un boson en Juillet.
4 On signalera que cette chanson fut présentée par le Caveman himself de la façon suivante : Vous savez, dans la vie à un moment ou à un autre, on atteint un pic, et à partir de là, tout ne fait que chuter … Blaaaah... Cette chanson est mon pic personnel ».
5 D'ailleurs, c'est peut-être la fréquentation trop assidue des concerts garage de Montreuil, mais j'avais bien l'impression d'être le seul en train de twister sur Deanna. Les gens ne savent plus s'amuser.

lundi 7 janvier 2013

18. blur

http://mybandmarket.com/blog/wp-content/uploads/2012/10/blur1.jpgC’est marrant. Dans la première liste de groupes que j’avais établie pour ces tops 5 (du temps où il y avait une liste, et que je m’y tenais, c’est dire si c’était il y a longtemps), Blur apparaissait. Puis s’est vu renvoyé, au profit de je ne sais qui je j’avais oublié, et qui me paraissait surement, à ce moment là, plus « rocknrollement correct ».

Et la situation serait restée la même si je n’avais pas soudain écouté ce groupe en boucle pendant près de deux mois. Les circonstances étaient exceptionnelles, mais le terreau était prêt. Pour moi qui suis un enfant illégitime des 90’s, les moments plus difficiles à passer sont rythmés, dans leur phase ascendante, par la britpop. Parce que quand on y regarde à deux fois, c’est le seul mouvement 90’s qui soit vraiment positif, pêchu, arrogant parfois. Un truc un peu flamboyant, quoi. Et qui m’a pas mal aidé à traverser les moments difficiles de ces derniers temps, me permettant de me « replier » sur ma prime jeunesse sans avoir envie de crever à la fin de chaque morceau. Ou du moins pas de tous. Alors en route.

For Tomorrow (Single Version)

Lui. Elle. Eux. Cette structure de chanson est tellement banale qu’on la retouve sous mille formes à mille époques. Ob-la-di, ob-la-da. Livin’ on a prayer. Le Jerk. Quand Blur s’y attaque, il garde évidement le côté positif de la bluette débutante, mais y ajoute des détails, des images, qui marquent. Et des cuivres. Les cuivres ! Toujours les cuivres qui à mes yeux transposent une chanson en quelque chose de plus. Les cuivres parviennent à me toucher jusqu’aux tréfonds de mon âme, à croire que mes entrailles ont une fréquence de résonnance proche du timbre d’un trombone. C’est pour ça que je mise évidement tout sur la version « Visit to primrose hill extended ». Parce que ces quelques minutes, ajoutées au cœur de la chanson, la font passer pour moi dans une dimension au dessus et que… ben voilà, on appuie sur replay, au final.







Sunday Sunday

Alors que je me remettais à écouter blur, entre autres via le live at Glastonbury 2009, il y avait une chanson, au début du premier rappel, que je ne reconnaissais pas. Ca me frustrait parce qu’elle était vachement bien, sautillante et tout. Après recherche, il s’avérait que c’était « Sunday Sunday », et que c’était un single de la période « Modern Life is Rubbish ». Manque de pot, pour une raison que je ne comprenais pas, il était absent du CD bonus de la réédition.
En fait je n’étais qu’un con, c’était la plage 8 de l’album.
Dire que j’ai failli rater une pépite – définissant accessoirement parfaitement la britpop – parlant d’un de mes trucs préférés – la sieste après le repas de famille du dimanche midi – juste parce que je suis trop fainéant pour checker les listes de titres sur mes disques et que j’aime pas du tout l’instru qui le précède (pas ma faute, il me colle mal à l’aise)






Country house

1. Des cuivres
2. Cette descente de la basse dans l’intro
3. Faire rimer Balzac et Prozac.
4. Le texte. Je sais bien que ça parle des pop star neurasthéniques qui vont s’enterrer à la campagne (dans mon cerveau malsain, cette chanson est une sorte de suite au « Everybody’s talkin’ » de Harry Nillson), mais moi, j’ai surtout vu des collègues aller s’enterrer en banlieue éloignée et se faire tellement chier qu’ils se sentent obligés de te convaincre que leur vie est top, à installer des portes de garage, des chatières, et à cultiver leur jardin.
Au moins, grâce à cette chanson, Damon Albarn me soutient pendant les difficiles moments passés à regarder des photos de radis sur un iPhone 4 pendant la pause café.






You’re so Great

 La meilleure chanson de Pavement est une chanson de blur. Splendeur simplissime, Graham Coxon signe une de ces merveilles dont il est capable, et ferait chialer le plus endurci des cœurs avec sa déclaration parfaite. A une fille ou au délirium tremens, je n’en sais rien, je sais juste que la déclaration elle-même est top.






Tender

J’ai hésité. Longuement. Entre  « Tender » et « No distance left to run ». J’ai même hésité à foutre Bugman histoire de trancher, mais j’aurais rien pu raconter dessus, à part que j’aime beaucoup cette chanson. Mais au final, si Tender est certes plus radiomical, c’est surtout un morceau qui met le doigt sur un point essentiel de l’échec amoureux.
No distance left to run, déjà, n’est pas une chanson de rupture, mais une chanson de constat que la rupture est inévitable.
Tender se situe de l’autre côté de l’évènement. Il est l’appel d’un gars désespéré qui voudrait passer à autre chose. Certains y voient un hymne gospel, mais c’est surtout une tentative d’auto-suggestion, d’auto-conviction, d’auto-encourragement à mi-chemin entre la méthode Coué et le mantra. « Come on, come on get through it / Love’s the greatest thing ». De la difficulté à dissocier l’amour de la chose aimée. Comment peut – on continuer à croire en l’amour quand on est obligé d’abandonner, de délaisser ce que l’on aime?
Et le « I see her every day / It doesn’t help me » de  She’s so high de soudain résonner, en écho du passé, dans l'attente que ce sentiment (re)vienne.






Bonus : Theme from an imaginary film

Je n’ai rien à dire sur ce morceau sinon que, rien que pour me l’avoir fait découvrir, je remercie chaque jour les instigateurs de la réédition / intégrale nommée “21”.
Et tous les groupes qui se voient synthétisés dans cette perle.
Et Noël, dont c'est une parfaite musique d'accompagnement.