lundi 11 juillet 2022

BioRadioSpective - Episode 8

The King of limbs (Février 2011) 


Oh putain, oh non… C’était un cri de déception en 2011, c’est un cri de réticence aujourd’hui. La simple perspective de devoir réécouter cet album me plonge dans des abîmes de catatonie. (L'album s’y prête, aussi)

Je n’ai pas d’avis sur cet album. Enfin si, mais… Je ne sais pas si mon avis compte.

Pour ceux qui n’étaient pas là, King of Limbs est en fait sorti dans des conditions similaires à In Rainbows : annonce juste une semaine avant la sortie, grosse hype, le messie de retour, l’Internet s’enflamme… Mais, et je pense que c’est un point primordial pour expliquer la réception de cet album1 … L’Internet de 2011 n’avait déjà plus rien à voir avec celui de 2007. Et si un temps de latence en 2007 était encore toléré (un billet de blog ne s’écrit pas en 12 secondes, et à l’époque encore (je sonne comme un vieux con, mais j’en suis peut-être un en fait), on essayait de pas publier des conneries (enfin, de pas en publier sans faire exprès). Mais en 2011, Facebook et Twitter avaient déjà commencé à prendre le dessus et la réactivité à l’emporter : The King of Limbs, du coup, était le premier album du groupe dont la première écoute pouvait être live-tweetée comme un épisode de la Nouvelle Star. Et c’est peu ou prou ce qui a eu lieu. Parce que Radiohead c’est pas n’importe qui, tout le monde a voulu en causer, le plus vite possible, jetant au vent tout ce que le groupe nous avait appris depuis plus de 10 ans en termes de « des fois faut bien 6 mois pour s’approprier un album » et trucs du genre.

Et forcément… ben quand on a affaire à un album aussi… répulsif disons -le, il est légitime que le backlash ait été conséquent.




(Ne vous en faites pas, je ne vais pas soudainement me mettre à défendre l’album en expliquant qu’il est mécompris et qu’en fait c’est un chef-d’œuvre. Quitte à gâcher un peu la possible surprise que serait le prochain article, il me parait nécessaire de clarifier quelques points (et après je vais commencer à raconter n’importe quoi rassurez-vous) :

 

  •           A mes yeux cela reste le moins bon album du groupe (les détracteurs imperturbables de Pablo Honey allez vous faire voir) mais c’est quand même Radiohead et leur pire album n’est pas non plus une bouse [De toutes façons le groupe est l’incarnation même de « c’est pas de la merde c’est que j’aime pas »]
  •           Pour le coup, c’est à mes yeux beaucoup plus l’album « Melody is dead / rythm is king » de Radiohead. Bien plus que Kid A (pour lequel c’était censé être un des « slogans ») – Parce que j’ai beau l’avoir écoute je sais pas combien de fois au final pour écrire cet article…je serais bien en peine de vous en « chanter » une (et c’est pas QUE parce que je sais pas chanter)
  •           Mon grand problème avec est que j’ai l’impression d’entendre un long titre de 40 minutes (ce qui pour le coup est un contrepied immédiat avec même ma première impression du précédent ou j’avais l’impression d’entendre la même chanson en boucle. La, même les intro / outros sont indiscernables : les morceaux commencent et s’achèvent in media res)
  •           A l’époque, l’album aurait pas été signé Radiohead mais aurait enflammé la toile, je ne lui aurais pas offert plus d’une écoute avant d’aller le coller au rang des trucs qui plaisent à mes potes snobs mais qui sont pas pour moi (et me demandez pas pourquoi mais le nom qui me vient à l’esprit pour décrire ce genre de situation c’est « Zola Jesus » - d’aucuns diront WU LYF)
  •           Un peu à l’image de certains titres de la période Kid A / Amnesiac, il est des titres de l’album dont je ne suis pas fan qui, franchement, passent beaucoup mieux en live. Je me suis « forcé » à mater des lives de la tournée suivante (comme le Coachella 2012) et franchement… C’est bien plus agréable. En même temps même The Gloaming, en live ça passe.
  •           Le truc qui me déprime le plus vis-à-vis de cet album c’est que 2 mois plus tard Radiohead sort deux titres qui clairement ont été composés au même moment mais juste pas retenus sur l’album (en l’occurrence The Daily Mail / Staircase) et… les deux titres mettent minable l’ensemble de l’album ! Et ça, ça me rend dingue. Alors oui, ils feraient tache au milieu de l’album qu’on a eu, mais bordel, j’aurais préféré un album dans lequel ils auraient, justement, une place

Et l’auditeur de se trouver dans une position un peu inconfortable et mystérieuse. Nous on a suivi le virage Kid A. Pire, même, on aime cet album. Ca a pas été facile, enfin, surtout, ça a pas été immédiat, mais on l’a fait, on a pu regarder de haut ceux qui ont été répugnés, qui ont décidé d’en rester à OK Computer et encore, on est l’ELITE putain. Mais du coup, là, cet album, qui malgré les écoutes, ne parvient toujours pas à me convaincre…  Est -ce que je dis que c’est de la merde ou est-ce que je m’acharne. Suis-je un « OK Compuriste » ? Cet album, je suis triste de le dire, fur pour moi la demande de trop. Déjà que j’avais pas forcément aimé trop l’album solo de Thom Yorke (pas évoqué ici mais qui avait été publié avant In Rainbows et est clairement le disque le plus proche qui soit de ce King of Limbs), là… je ne comprenais juste pas comment cet album pouvait être signé Radiohead et pas juste Thom Yorke ou d’un side project – je pensais qu’Ed resterait le garde-fou jusqu’au bout. Toujours est-il que cet album (dont même la pochette n’est pas à sauver, un comble), signera l’acte de séparation officieux entre moi et le groupe. Au point que c’est lors de cette rétrospective que je vais découvrir l’album suivant (à quelques titres près).

 
The Blair Witch Project 5

Après, la réécoute que j’en fais aujourd’hui me fait relever un point qui place ce disque très à part dans la discographie du groupe : je préfère amplement la face B à la face A  (je coupe au milieu). Codex n’est pas sans rappeler Pyramid Song (pas ma préférée, mais on se satisfait des branches auxquelles on arrive à se raccrocher) croisée avec Life in a Glasshouse, mais en tous cas c’est la seule chanson qui me fait ressentir de l’émotion, comme si en 15 ans Radiohead était de passé de composteur de musique à propos d’androïdes à compositeur de musique pour androïdes. Dans sa redescente, l’album redevient vraiment plus humain, plus sensible… Mais toujours aussi répétitif. Or si l’on aime Radiohead, c’est bien souvent parce que c’est un groupe qui a réussi à nous surprendre, au sein même d’une chanson, en l’emmenant dans des directions qui prennent de court (bien sur Creep, My Iron Lung, et évidement Paranoid Android, mais même dans Reckoner il y a de cela) comme je l’évoquais la dernière fois).

 

Alors ? Incident de parcours, sabotage volontaire (ce serait pas le première fois), ou changement de parcours ? J’imagine qu’on aura notre réponse la prochaine fois, qui devrait marquer la dernière étape du parcours, et le premier pas dans l’inconnu (je mens un peu je l’ai déjà écouté au moment d’écrire ces lignes mais c’est bien de faire du suspens)

 Bon, juste pour le fun on se refait le clip de Thom  Yorke et son chapeau.

 




Plus mauvais titre: Je sais pas, j'ai une haine de Feral mais il a le mérite d'être le plus court. Je pense qu'en fait Bloom a le défaut de sa qualité: c'est une très bonne introduction à cet album.

Meilleur titre pas sorti en single : Le problèpme c'est que le meilleur titre est sorti en single et que en single... On va dire Codex.

Meilleure face B de single de la période : C'est Staircase parce que c'est le seul single de l'époque et franchement il dépote allez l'écouter!!! (guictheold94.skyblog.com lachez des com)

 

 

1 Si vous voulez vous faire du mal et aller lire un article vieux de 11 ans que j’avais écrit à l’époque, le contexte était tel que j’avais plus ressenti le besoin d’écrire sur la réception de l’album que sur l’album en lui-même.

3 commentaires:

  1. bon là on est en phase à 98 %. Pire album oui (vs Pablo Honey oui), Zola Jesus oui, the Daily Mail évidemment etc etc... J'aime beaucoup ton chapitre sur "l'ELITE". Putain comme ca faisait chier de se retrouver dans la position de ceux qui daubaient sur Kid A à l'époque, et qui utilisaient les même arguments que nous contre les rares défenseurs de TKOL (genre: de toutes manière Thom Yorke quoi qu'il fasse il est intouchable etc...)
    Moi j'avais déjà été déçu par Radiohead à l'épisode précédent, mais là ca a rajouté une couche, car plus que mon désamour pour les titres proposés c'est le sentiment d'avoir perdu le groupe définitivement, d'avoir Thom Yorke qui l'avait fagocité pour de bon (d'autant que, comme tu le soulignes très justement, the King of Limbs sonne un peu comme the Eraser... en moins bien). Ca a été atroce pour moi de me dire que de si bons musiciens étaient perdus et que je ne serait plus jamais ému par un groupe qui m'avait tant ému auparavant. Ce qui explique aussi mon bonheur à l'écoute de Moon Shaped Pool, que du coup je suréévalue inconsciemment peut être...
    Pire titre: Feral. c'est le pire titre de Radiohead, c'est tout ce qu'on voulait que le groupe ne devienne pas, c'est même mauvais "dans l'absolu"
    meilleur titre: the Daily Mail de loin. sinon Codex. Little by Little et Give up the Ghost passent aussi.
    pour les Face B j'ai écouté que les 4 "inédits", je me suis pas tapé tout les remixes tu m'excuseras :)

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    1. Alors pour le coup, moi aussi j'avais été déçu à l'épisode précédetn ("historiquement") - C'est des années plus tard que j'ai réévalué In Rainbows. Mais content qu'on soit d'accord (même si c'est dans notre malheur ;) )
      Concernant A moon shaped pool il faudrait que j'aille probablement lire ta chronique d'époque une fois que j'aurais rédigé la mienne.

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  2. bon, je m'en vais lire ton article de l'époque. et le mien par la même occasion, j'ai du en dire des conneries...

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