samedi 23 septembre 2017

Weezer - Ride the lightning.

Tout a commencé le 22 Juillet 2014, soit donc avant même la sortie de l’album dont nous allons parler.  En ce jour désormais béni des dieux de ma discothèque, Weezer, après un silence de 4 ans (une durée totalement banale pour le Weezer des 90's, mais une éternité au vue de la prolixité dans la médiocrité dont le groupe avait fait preuve de 2008 à 2010 (3 albums en 3 ans, 4 albums si on compte la compilation Death to False Metal – même si on préférerait l’oublier), sort un nouveau single, nommé Back to the shack.
Et ce single était parfait. Produit par Ric Ocasek (producteur du  premier – et mythique, n’ayons pas peur des mots – album du groupe), le single est à peu près tout ce que les fans du groupe auraient pu espérer. Un retour à des racines rock (à la fameuse cabane du titre, au garage d’In the garage symboliquement). De la petite référence de geek comme on les aime : on ne me fera pas croire que parler de Going back where the lightning striked dans une chanson nommée Back to the quoi que ce soit est un hasard. Mais aussi une lettre d’excuse pour les bizarres expérimentations du groupe ces dernières années (I forgot that Disco sucks). Ce qui n’est peut-être pas forcément surprenant, mais à la limite du gênant. On nous l’a déjà fait, le coup du retour aux sources (combien de groupes des 90’s ou même pire (Ahem. Rolling Stones. Ahem) nous le promettent à chaque nouvelle livraison ?). Mais… mais c’est Weezer, les gars. Rivers est le mec le plus sincère du monde, c’est pour ça qu’on l’aime. Pour ça que quand il se plante, il le fait fait pas qu’à moitié (Can’t stop partying, putain). Ca peut pas être une démarche purement commerciale. Pas de Rivers. Pas de… d’un gars qui vient de tourner en rejouant les deux albums (les plus populaires) du groupe sur scène. Qui a réédité le second en le gavant de faux inédits et de versions live des 3 singles encore et encore… Oh merde. Mais, mais le single, il est … bien ! Il sonne comme le Weezer d’avant, le Weezer que j’aime, qu’on aime.

Je suspecte que Weezer continue de faire carrière juste pour les clips, un peu.

Et dans les faits, l’album qui suivit (Everything will be alright in the end) tenait plutôt bien cette promesse. Pas d’incartade trop bizarre dans des territoires que Cuomo ne devrait jamais avoir foulé du bout de la Converse1 – OK, I’ve had it up to here a quelques accents funk pas du meilleur gout. Outre le single précédemment évoqué, on trouve de bons (très bons) titres, mais surtout de bons moments. Des ponts, des solos, des idées mélodiques disséminées le long des titres qui attirent l’oreille de l’auditeur qui s’avèrerait distrait. Des thématiques familières (Les filles. La nostalgie. Les problèmes relationnels avec son paternel. Stephen Hawking. Cléopatre ?) . Evidement, la grande déception de l’album reste sa fin, avec une tentative de « triptyque musical », créé, j’en reste convaincu, pour se foutre de la gueule de Muse. Le problème est que le pastiche n’est pas assez flagrant, donc la blague tombe à plat, et risque presque de convertir des fans de Muse à Weezer.

Au final l’album est en tiers – teinte (c’est comme demi – teinte, mais il est plus qu’à moitié réussi . Du coup c’est 2/3 teinte ? C’est la teinte qui est bien ou… ?) et plein de promesses. On a des visions du génie des albums précédents, et une vrai émotion, une sentimentalité qui manquait aux albums précédents, qui ne touchaient la corde sensible qu’en se livrant, soit à l’auto-pastiche, soit à l’appel à la nostalgie (Essayez de réécouter « Memories », puis « Back to the Shack ». cela résume à peu de choses près la transition).

Puis est sorti le White Album. Soit le quatrième album de Weezer qui techniquement s’appelle Weezer mais qu’on désigne par la couleur de sa pochette parce que les chiffres ça a été déposé par Led Zep. Fallait quand même y aller. Refaire le coup de l’album couleur alors que franchement, le Red album c’était pas ça… Et puis blanc ! Directement sous l’égide, qu’on le veuille ou non, des Beatles. Fallait pas jouer au con.

Alors on ne va pas se voiler la face : peu de choses sonnent plus comme une chanson de Weezer qu’une autre chanson de Weezer. Et pour chaque titre de l’album ou presque, on pourrait renvoyer l’auditeur à un titre d’un des trois premiers albums du groupe. Mais justement. Des trois premiers albums. Ca veut tout dire. Ca veut dire qu’on est de retour à la maison (ou dans la cabane, ou dans le garage, comme vous voulez). Les guitares sonnent à nouveau comme on les aime, les chœurs sont bien en place, l’émotion est là, et la sincérité2 touchante. Et l’on découvre que Cuomo n’a pas besoin de s’inventer des problèmes, de s’inventer une personnalité de rockstar. Les problèmes sont toujours là, les histoires à raconter existent encore, tout marié et –possiblement – heureux qu’il soit. Pourtant, (c’est pas le White album pour rien), le disque s’avère surprenamment lumineux. Thank God for girls,à part qu’elle est hilarante et parle de tomber amoureux de la boulangère chez qui tu vas chercher de quoi te sustenter avant d’aller jouer à Donjons & Dragons3,  ou Summer Elaine & Drunk Dori sont à mon avis les meilleures chansons positives que le groupe n’ait jamais écrit. La plupart des soli de guitare ont des sonorités à la Queen, la chanson qui parle de drogue est la plus Heavy de l’album (Hash Pipe, anyone ?), les fêlures de Rivers se manifestent autrement, toujours dans le regret de ce qu’on a pas fait, mais cette fois-ci, pour les autres et non pour soi-même : King of the world est une des plus belles chansons d’amour du groupe, même si je me demande, de fait, si le groupe en a jamais écrit une autre, de chanson d’amour (eh, c'est pas moi qui avait écrit que les chansons d'amour n'existe pas à une époque?)


Vous en faites pas les gars, nous aussi on a eu peur.

Mais les choses restent les mêmes et le point d’orgue de l’album reste L.A. Girlz, évidement titre d’amour éconduit (et de démon de midi ?), de déclarations grandiloquentes empruntant à … Lewis Caroll et Dante (je cherche même plus) et au labo de chimie un peu. Ca s’ouvre sur un larsen, riff de guitare rythmique saturé, breaks au moment des couplets, pont répété ad lib avec la lente montée des guitares derrière…

Oui mais du coup, Guic’, il sont juste en train de refaire ce qu’ils faisaient avant, c’est pas original, c’est… C’est pas bien, non ?

Ben écoute… Je ne sais pas. Je sais que moi, j’aime. Suis-je devenu un vieux con à qui il faut refourguer les choses qu’il aime déjà pour qu’il soit content ? Weezer a-t-il fait un retour en arrière juste pour renouer avec une fan-base composée de.. de mois ? La démarche n’est – elle pas totalement cynique ? Je ne sais pas. Si le début d’Endless Bummer, dernier titre de l’album sonne à mort comme « Island in the Sun », s’ouvre sur « I just want this summer to end / What’s the point of trying to pretend / She told me to follow the rules / Not all 19 years old are cool »…Ca sonne tellement comme un gars saoulé de devoir rejouer encore et encore le meme titre,  qui se force malgré tout parce que c’est ce qu’on attend de lui et qui reste impuissant alors qu’il voit une chanson qui signifiait tant pour lui devenir le nouveau Kumbaya utilisé par d’autres gamins pour choper des filles qu’il  n’aurait même pas envisagé d’approcher quand il avait leur age.
Ou peut – être que je projette. Mais justement. Qu’il est bon de projeter à nouveau sur ce que Rivers Cuomo nous raconte. Ca m’avait manqué, et c'était tout ce qu'on demandait.







1 Je suis convaincu que Rivers Cuomo fait du cosplay en 10eme Docteur, me demandez pas pourquoi.
2 Je sais qu’il m’est arrivé par le passé de dire que la sincérité n’est aucunement un bon critère pour juger un morceau / album de rock. Sauf que Weezer, considéré comme le précurseur de l’émo-rock, justement du fait de chanter ce qu’il pense et ressent sans filtre (avec , certes, les conséquences désastreuses qu’on connaît ), c’est ce qu’on lui demande.
3 Thème de chanson weezerien s’il en est. A la limite de la parodie, même, si ce n’était pas en fait la quintessence de l’œuvre du groupe. On y apprend également des détails sur la recette de la femme qui sont passés sous silence dans la Genèse.

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