mardi 9 avril 2013

19. The Smiths

Cet article est prévu depuis longtemps, mais il a fallu que les événements me poussent au cul. Depuis a création de cette rubrique, je sais que mon top 5 Smiths invitera Thomas, et je ne vous cacherais pas que quand il a décidé de fermer le Golb, ma première (bon, ok, seconde) pensée fut « Mais, et le top 5 des Smiths alors... »
Et quand il l'a rouvert c'est lui-même qui me signifia : «  tu sais, mon top 5 Smiths il est prêt depuis 2 ans, hein ».
Il y a un mois, je lui ai dit que de se tenir prêt parce que j'allais sûrement m'y mettre sous peu, les conditions m'étant favorables. Samedi dernier, il me fit comprendre qu'il attendait toujours. Dimanche midi, j'ai attaqué l'écriture en revenant de déjeuner chez mes parents. C'était mauvais j'ai rien gardé. De ce que j'ai écrit, pas du déjeuner. Ce matin, je m'y suis remis, au boulot. Pire encore.

Mais le monde étant ce qu'il était et mon esprit voyant des symboles partout, ben voilà, j'ai plus trop le choix.

http://www.tasoeur.biz/images/2011/12/24/the_smiths.jpgLes Smiths sont un des groupes que j'écoute aujourd'hui encore le plus régulièrement avec toujours le même plaisir. Le temps ne semble pas avoir de prise, et la lassitude qui serait pourtant légitime (il y a longtemps que l'intégrale de ce qu'ils ont fait est gravée dans mon « Juke Box mental ») ne semble pas prête de s'installer. C'est également un groupe qui surgit dans les moments les plus improbables, et la plupart de mes proches ont déjà entendu parler de la fois où, pendant les soldes, j'ai acheté un costume non soldé, juste parce que « This Charming Man » s'est mis à résonner dans le magasin au moment précis où j'entrais dans la cabine d'essayage. Bon, aussi, le costume m'allait bien et j'avais besoin d'un costume, mais vous saisissez l'idée.
J'ai découvert les Smiths à l'exact moment où il fallait pour que je les aime. C'est à dire quelques mois avant d'être diplômé. Il y a à mes yeux une incroyable logique là-dedans. On dit toujours que le rock est la musique de l'adolescence, ceci cela. Les Smiths, paradoxalement, et sous des dehors de romantisme ado exacerbé, est pour moi le groupe du passage à l'âge adulte. Je serais bien en peine d'expliquer pourquoi. Mais c'est prégnant, ne serait-ce que parce qu'il faut une certaine maturité (et une certaine pratique de la langue anglaise) pour saisir (sinon apprécier) la finesse, la profondeur, l'intelligence du songwriting de Morrissey. Donc oui, on risque de parler paroles, ne serait-ce que parce que ; plus encore que Dylan, je suis intimement convaincu que les Smiths font partie de ces artistes que les obtus pensant que « Les paroles c'est pas important » ne parviendront jamais à apprécier.
E même temps c'est bien fait pour eux.




Still Ill

Parce que c'est la chanson qui m'a, a première, fait réaliser que, plus qu'un bon parolier, Morrissey est un garçon qui a le sens de la formule. A l'image de son idole Oscar Wilde, il est capable, par-delà le simple fait d'être un bon auteur, de lancer parfois un trait de génie. Qui dans beaucoup de cas sera la seule chose que les gens retiendront, utiliseront hors contexte et gâcheront. (Wilde, Morrissey, Desproges, même combat)
I decree today that life is simply taking and not giving
There is a brighter side to life, and I should know bcause I've seen it, but not very often
On pourrait à l'aise citer l'intégralité du texte. Surtout qu'il n'est pas si long.

Mais il convient également d'ajouter un mot sur le musique, tout simplmeent, vu que ce morceau est caractéristique du style « Smiths, » à savoir quelques accords rêches, des arpèges rapides et ce son de la Rickenbacker de Johnny Marr... Et le tout porté par une ligne de basse bondissante, obsédante... Plus Smithien que Still Ill, tu meurs.





What she said

Johnny Marr's Guitar, round 2. Assorti d'une comparaison surprenante.
J'adore ce son. Ce son de guitare tournante, tourbillonnante qui ne s'arrête jamais ou sinon pour laisser place à une respiration qui ne servira qu'à repartir de plus belle. D'instinct, le seul morceau qui me vient immédiatement à l'esprit est … le Bodies des Smashing Pumpkins. Et j'ai une tendresse particulière qui me vient à l'idée que mon adolescence s'est ouverte et fermée sur ce cette même structure obsédante. Et quand bien même ce serait faux, mon goût de la symétrie s'en félicite.
Il va de soi que les paroles hilarantes, et le chant enjoué et envenimé de Morrissey ne ont que des raisons supplémentaires de la présence de cette chanson ici. Raison de plus : c'est peut être la seule chanson dont je préfère presque la version live de « Rank », où le morceau est « medleytisé » avec « Rubber Ring »... et la relance finale de l’assaut des guitares, Morrissey yoddlant la fin de Rubber Ring par dessus est, étonnamment, un de mes passages préférés de l’œuvre entière des Smiths.






I know it's over

C'est ce morceau qui m'a converti. Il se devait donc d'être là. Déjà il est construit selon un crescendo long de 6 minutes, ce qui en fait un morceau comme je les aime. Ensuite, il mêle une véritable tendresse à la limite de l’apitoiement à un sarcasme, un cynisme appliqués au narrateur lui-même qui ne peuvent que m'évoquer... ben moi, un peu. Ensuite, ce morceau a été la Bande Originale d'une période des plus bizarre e mon existence, le sus-cité passage à l'âge adulte, ou plutôt du moment précis où j'ai réalisé qu'il allait arriver sous peu et que j'allais devoir prendre d'une façon ou d'une autre ma vie en main... chose assez flippante, alors quand on sort d'une histoire sentimentale ratée (pas dans le sens nulle, mais plutôt celui d'une opportunité mal négociée et donc ratée à même d'emplir de remords), qui s’enchaîne avec une autre histoire, plutôt à ranger dans la catégorie « mort-née », celle-là... le désespoir et l'espoir mêlés de ce titre, et ses mots durs, mais juste, qui brisent tout autant qu'ils permettent de se focaliser et d'aller de l'avant, on les écoute plus d'une fois, je peux vous le dire.

It's so easy to laugh, it's so easy to hate. It takes strength to be gentle and kind.

Cette phrase est si simple et évidente qu'elle paraît niaise. Pourtant Dieu sait qu'elle est difficile à appliquer. Mais si tu es si malin pour la trouver niaise... Pourquoi es-tu seul ce soir?





There is a light that never goes out

Niaisierie épisode 2 ?
Soyons honnêtes un millième de seconde : le texte de cette chanson est presque à même d'interdire à jamais de dire que les Beatles ont écrit quoique ce soit de niais. Cette chanson est emplie d'un romantisme adolescent exacerbé à l'absurde, tout y est, et se terminer par l'extase de la mort des amants, tout amplifiée à l'extrême... Et c'est bien évidement cela qui rend ce titre imparable. Peu de chansons ont le même talent lorsqu'il s'agit de m'emplir de joie, d'espoir, de courage. Dès que résonne l'intro, mon cœur s'allège, je souris, et je nourris les rêves les plus fous.
Un jour que j'allais boire un verre avec une file qui me plaisait vraiment, un peu stressé par la possible issue négative de la soirée, j'entendis ce titre résonner dans le bar alors qu'on avait à peine posé nos manteaux. Soudain, le cœur léger, le goût du symbole, aussi, m'envahissant, l'issue de la soirée ne faisait plus de doute, no matter what, j’allais me lancer, tenter ma chance. Bien m'en a pris.

(Certes, je me suis fait larguer par téléphone 70 heures plus tard mais quand même.)





Ask

Finissons-en, bouclons la boucle. Si les Smiths ont accompagné ma sortie de l'adolescence, Morrissey est également celui qui a le mieux résumé l'ado que j'ai pu être. Au final, c'est peut-être ça, la fin de l'adolescence : c'est quand on prend conscience qu'on a été un adolescent. Donc, souvent, un imbécile. Et qu'on prend conscience de ce qu'on a pu être de ridicule, d'aveuglement, de bêtise. Qu'on pense aux erreur qu'on a faites, mais également à celles qu'on a pas faites, aux occasions manquées, aux choix qu'on a mal faits, aux filles qu'on a pas osé approcher. Au ridicule petit gars qui se prenait pour Rimbaud, dans ce carnet noir, enfermé dans la chambre à l'étage. A ses parents qui utilisaient cette phrase qui déjà semblait ridicule à l'époque « Tu vas pas rester enfermé, il fait beau dehors ». Et donc, chaque fois que résonne « Shyness is nice, and/Shyness can stop you / From doing all the things in life / You'd like to (...)Spending warm summer days indoors / Writing frightening verse /To a buck-toothed girl in Luxembourg », je me rappelle pourquoi j'aime les Smiths. Parce qu'ils me parlent. A moi, mais aussi au moi passé, et sûrement, au moi futur. Qu'ils sont là pour sermonner le moi lâche, pour encourager le moi hésitant, pour botter le train du moi timide, pour accompagner le moi qui ose. Et que j'entends que ça reste comme ça pour longtemps, jusqu’à ce que je tombe « Asleep » et qu'on ai à me conduire aux « Cemetery gates ».





La Selection de Thomas se trouve ICI.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire