"Most great records really start with the drums"
William Patrick Corgan, Visionnaire
Once upon a time in my life
Adore a 20 ans. Même si je ne l’ai, personnellement, découvert que près de deux ans après sa sortie, Dieu que le temps passe vite, et que les souvenirs sont vivants. Chaque fois que je l’écoute, j’ai l’impression de prendre le bus 181 en Juin 2000. Un autre monde et un autre moi reviennent l’espace d’un instant. Ce n’est même pas une question de nostalgie de l’époque (qui pourrait être nostalgique de la fin de la seconde, de ses premiers échecs sentimentaux, du bus 181 ?), juste un impact inexplicable. Unique. Tout à la fois la raison pour laquelle la musique a une si grande place dans ma vie et la raison pour laquelle je ne parviendrais jamais à l’expliquer à quelqu’un qui n’a pas le même lien à celle-ci. La liste des disques qui me renvoient sans trop d’effort à un moment précis du temps est conséquente (tristement elle ne s’agrandit plus beaucoup) mais la force des souvenirs associés à celui-ci est impressionnante.
Ecouter Tear me dépose dans le bus 181, qui arrive à l’arrêt Pierre et Marie Curie. Je devrais m’en foutre, c’est même pas mon arrêt. Il pleut des trombes. Je vais galérer depuis la mairie jusqu’à chez ma Grand-mère.
Ecouter « Behold ! The Night mare » me dépose dans la salle à manger bordélique de la maison de campagne. La cassette TDK sur laquelle j’ai copié l’album emprunté à la médiathèque est calée dans mon walkman, et j’écoute l’album alors que je cherche la fraîcheur, loin de ce mois d’Aout caniculaire.
Ecouter Crestfallen me renvoie en cours de maths. Dieu que je n’aime pas les dérivées (je ne sais pas encore à l’époque que c’est toute une branche des maths nommées « analyse » que j’exècre). Mon voisin, une des trois fans des Pumpkins de mon lycée, a les premières paroles de la chanson (Who am I ? To need you when I’m down) écrites sur la pochette dans laquelle il range ses cours. C’est écrit là depuis Septembre, mais je comprends enfin d’où ça vient
Ecouter Annie-Dog me renvoie dans mon appartement nancéen, assis devant mon PC, guitare sur les genoux et Guitar Pro lancé sur le PC, tentant de rejouer à la guitare la partition de piano de cette chanson.
Et je ne peux plus écouter Shame sans penser à la fois où, découvrant la source de bootlegs du groupe qu’est archive.org, et en écoutant un en revenant du boulot (je bossais encore à Saint Denis à l’époque), j’ai été soudainement… transfixé, descendant du RER et me voyant pris par surprise par l’irruption d’un solo de guitare du feu de Dieu au milieu de cette version.
(Aussi, une fois, j’ai bondi de ma chaise parce que Daphne Descends passait en fond d’un reportage sur l’étape du jour du Tour de France au JT du soir de France 2 – évidement il était tombé des trombes pendant toute l’étape).
Cette liste, aussi amusante à compiler pour moi qu’il a dû être chiant pour vous de la lire, reste incomplète, bien sûr (elle ne couvre « que » 10 ans). Et encore, elle ne fait probablement que gratter la surface. J’aimais déjà les Smashing Pumpkins en découvrant cet album. Pardon : j’aimais Mellon Collie. A l’évidence, j’avais conscience de la différence de contenu, de style, d’ambiance, entre cet album et le précédent. Mais je n’avais pas forcément conscience du virage que cela représentait dans la carrière toute entière du groupe. Plus que toute autre chose, cet album a fini de faire ce que Mellon Collie avait commencé : m’ouvrir l‘esprit. Et les oreilles. J’avais aimé Mellon Collie pour ses moments de colère (on va pas dire que je « venais du métal », mais clairement, à l’époque, pour qu’un truc m’intéresse, me plaise, il fallait qu’il « tabasse »), et ses moments plus calmes, au début écoutés par défaut (béni soit le walkman qui rendait plus court d’écouter une chanson que d’avancer pour trouver en visant bien le début de la suivante), avait fini par se faire une place au sein de ma personne. Le fait est que Mellon Collie and the Infinite Sadness, est, littéralement et aussi bizarre que ça paraisse, le lien entre le premier album de Slipknot et le best of bleu des Beatles dans mon exploration musicale – et Tonight, tonight la chanson la plus importante de ma vie. Adore a fini le travail.
On attend le bus 181
In you I taste God
C’est probablement le tout premier album auquel j’ai « laissé sa chance ». Comprendre le premier où j’ai fait confiance à un artiste que j’aimais déjà, et l’ai laissé m’emporter dans une direction inconnue, vers un truc qui n’était pas vraiment ma came voire vraiment pas ma came à l’époque –la plupart des inspirations de cet album je ne les découvrirai que des années plus tard.1 Quelque chose d’assez paradoxal si on considère que cet album a fait se détourner une bonne partie des fans du groupe quand, pour moi, il est une raison supplémentaire (voire la raison ultime) d’aimer ce groupe qui, justement, a des choses différentes à dire- mais par pure honnêteté, je me dois de dire qu’à ma toute première écoute j’étais pas 100 % convaincu.
C’est le premier album qui m’a fait ressentir des choses. Par delà les paroles (que je connaissais par cœur mais sans forcément les comprendre vraiment2), le chant et ses intonations, la musique elle –même m’a dit tant au court des années. Une musique qui aujourd’hui m’inspirerait un paquet d’adjectifs à la con que je n’hésiterais pas à balancer (du décharné, du froid – ce qui n’est même pas vrai, cet album n’est pas froid, il est… humide donc on a l’impression qu’il est froid, du désincarné…) mais qui à l’époque (et aujourd’hui encore, vu qu’il est impossible de redécouvrir un album qu’on connait déjà) était un flot de sentiments sur lesquels il m’était difficile de mettre le doigt. Des images, aussi. Ce son en fond (un criquet ?), cette guitare acoustique… cet album s’ouvre, pour moi, sur un lever de soleil. Cela a toujours été le cas, cela sera toujours le cas. Bref… m’a fait comprendre que, même pop, la musique est un art. Qu’elle est là pour bien plus que mon divertissement. Qu’il y a plus, bien plus, beaucoup plus, qu'agréablement passer le temps, à gagner ici.3
Enfin, c’est (bien évidement) l’album qui m’a fait découvrir la valeur cathartique d’écouter des trucs déprimants quand ça va mal. Valeur qui a depuis évoluée, cet album devenant ce lieu hors du temps où je peux me réfugier, cette heure où je connais tout, où rien ne bouge, où je suis bien. Enfin, où rien ne bouge… Avec le temps, la froideur initiale laisse place à d’autres choses, et clairement, « Pug » est plus sexy que déprimante à mes yeux aujourd’hui.
Marrant, j’ai encore utilisé froid alors que justement, je pense que cet album est tout sauf froid. Il est à fleur de peau, d’une sincérité et d’une honnêteté surpassant les autres albums de déprime que je révérais à l’époque. Et c’est clairement la raison pour laquelle il est encore là contrairement à, entres autres, OK Computer ou Funeral (dont je n’écoute plus que des titres épars).
Depuis j’ai vieilli, grandi, appris. Comme presque tout album auquel je tiens, il a subi un retournement et j’en préfère aujourd’hui la face B à la face A (façon de parler – en vinyle, c’est un album à trois faces). Les écoutes que j’en fais sont plus éparses (et Dieu merci : ça veut dire que les choses pas trop mal 4)
Et quand je dis que j’ai appris, comprenez : j’ai appris le contexte d’enregistrement de cet album. J’ai appris les liens qu’il a avec d’autres albums et en quoi, bordel, l’année 1997/98 de Corgan j’ai pas forcément envie de la vivre.
Je suspecte qu’il est temps de faire ce que j’ai toujours évité en 18 ans de passion. C’est très probablement la seule façon de vous convaincre un tant soit peu que non, ce n’est pas que de la nostalgie ado ou de la révérence vis-à-vis d’un disque arrivé au bon endroit au bon moment. Passons aux choses sérieuses et chroniquons-le, ou du moins essayons.
Where has your heart run to ?
1997 est une année lourde en conséquences pour les Smashing Pumpkins. La plus évidente est le licenciement (pas forcément à l’amiable) de leur batteur, Jimmy Chamberlain, qui n’a rien trouvé de mieux à faire qu’une overdose surt la tournée de l’album Mellon Collie and the Infinite Sadness, tournée couronnant le succès sans précédent (pour le groupe, pour une double album, pour un album avec un nom pareil qui ne soit pas signé Yes) dudit album.
Or quiconque a écouté, disons Bullet with butterfly wings vous dira que Chamberlain c’est pas Jean-Michel Fournier, batteur du groupe de jazz de la MJC de Thonance les Moulins. C’est un mastodonte qui tabasse ses peaux avec une énergie enviable, pour qui tenir un rythme veut dire répéter le même roulement en boucle. Et pour un groupe de grunge (enfin, anciennement) perdre son batteur n’est pas idéal. Il sera remplacé, sur cet album, par Matt Walker de Filter (qui ouvrait sur la tournée pour les Pumpkins et l’a remplacé pour la fin), mais les percussions seront gardées au minimum. Les deux singles publiés entre les deux albums montrent, de plus, un intérêt porté par le groupe pour les accompagnements électroniques (Eye pour David Lynch et The Beginning is the End is the Beginning6 pour Joel Schumacher. Un grand écart que seul ce groupe pouvait faire).
Et non seulement le groupe subit ce départ, mais les dissensions commence à se sentir (après la rupture -bien consommée - de James et D’Arcy, maintenant James a des velléités telles qu’il sort un album solo - bizarrement lumineux pour la chronique d’une rupture - et à côté de ça, le seul truc sur lequel ils arrivent à se mettre d'accord en studio c'est envoyer chier Corgan), le patron divorce et perd sa mère. Et, logiquement, cela se ressent dès la pochette. La ravissante fillette surfant sur une étoile de la pochette multicolore de Mellon Collie laisse la place à une danseuse fantomatique, sur une photo noir et blanche qui prend tout la pochette, sur laquelle est surimposé, dans un coin, discrètement, le titre de l’album, seul : Adore.
Cette pochette annonce la couleur, et c’est gris5. Un album dépouillé, ne respirant pas la joie de vivre, où les seules étincelles de lumières proviennent de crépuscules mornes. De fait, passé la tendre To Sheila d’ouverture (le plus beau et le plus dépouillé des titres acoustiques du groupe, où l’on découvre que malgré la voix de Corgan, pourtant connue pour être très particulière, peut se faire caressante et tendre comme on ne s’y attendait pas), la lumière ne se rallumera pas avant l’intriguant instrumental d’outro.
Entre les deux, le voyage au sein de l’introspection au cœur d’un Billy Corgan en plein doute passe par nombre de nuances. L’ensemble de l’album conserve la teinte d’une sorte de new-wave electro-folk, ce qui ne veut certes rien dire mais offre une description assez complète. A l’exception du single Ava Adore (et encore) l’album est placé sous le signe des boucles électro, du piano contemplatif et des cordes. Le cliché serait bien entendu de dire que c’est l’album de la maturité. Et pour une fois c’est vrai. Mais pas juste on se calme, mais la maturité dans le vertige de la célébrité, l’acceptation de la perte, de l’échec présent malgré tout, l’art d’apprendre à vivre avec ses regrets. Corgan est la rockstar la moins rock n’ roll du monde en 1998, et ce ne sont pas ses potes qui vont l’aider à s’en sortir : pour se changer les idées, il bosse avec Manson sur l’album narrant comment la célébrité te pourrit la vie, ou avec Courtney Love sur un album narrant… la même chose avec une dose de veuvage en plus7
Adore est un album qui se prend de plein fouet l’angoisse, véritable et concrète, de la briéveté de la vie, de l’amour, de l’amitié. Une seconde fin du grunge, qui s’est d’abord pris de plein fouet la réalité du Teenage Angst dont il parlait, et réalise que derrière, il y a un Adult Angst qui fait presque plus mal. L’album de la douleur du fade away pour ceux qui n’ont pas pu, pas voulu burn out. Et les masques tombent, le rock disparaît et ne reste qu’un mec qui aura beau construire le plus bel écrin de surcouches électro ou acoustiques, se voit là, seul, avec sa voix qu’on sent prête à craquer à chaque instant (ce qui fait de For Martha, sommet d'émotion de l'album au sujet de la perte de sa mère, un exercice d’équilibre improbable). Rien ne symbolise mieux, à mes yeux, la sensation du ciel qui s’écroule et du sol qui s’effondre que la descente de batterie qui ouvre Tear : ce son, c’est le jingle qui retentit quand on se fait larguer.
Chacun trouvera une apogée différente dans cet album. Plus j’ai vieilli, plus je l’ai vu se repousser vers la fin. De Ava Adore, à Tear, à Pug, à For Martha, à … Blank Page. Chanson unique dans le répertoire du groupe. Billy, son piano, qui…. Raconte quelque chose. Se plaignant tout à la fois de l’insomnie, de la page blanche, désespéré, Billy fait ce qu’il n’a jamais fait auparavant. Pas de texte abstrait, pas de titre alambiqué n'apparaissant pas au sein des paroles… tellement désemparé qu’il ne sait comment remplir la page blanche autrement qu’en disant, purement et simplement, ce qu’il a fait, une anecdote du pathétique, et ce qu’il a ressenti. Lui. Pas de masque. Et le titre de s’achever dans un fade out au milieu d’une phrase. Les verrous ont sauté, il pourrait continuer à vider son sac à jamais. Restent 17 secondes pour redonner foi en l’avenir.
Adore est un album unique. Son obscure clarté, son honnêteté, le virage qu’il constitue, virage subi par la force des choses tout autant sinon plus que par volonté d’expérimenter… c’est un alignement des planètes comme il n’y en a pas tous les jours, dont j’ai eu la chance d’en être témoin, et sur lequel chaque personne qui en a été témoin ne saurait tarir d’éloges.
You make me real , Strong as I feel
Le trio de fans de mes 14 ans existe encore, en quelque sorte, mais maintenant il est constitué de membres différents ; Thomas, Xavier et moi. De façon amusante, je réalise qu’on tient tous les trois pour acquis la grandeur de cet album. Sans jamais, je pense, avoir discuté de pourquoi. De ce qui le rend unique à nos yeux à chacun… Et je suspecte que c’est parce qu’il nous touche, chacun, à un degré beaucoup trop intime.
J’ai vieilli, mais pas lui (c’est l’album au remaster le plus inutile du monde - pas banal pour un album où le nom de Flood apparaît). Aujourd’hui encore, j’ai eu comme un vertige en découvrant à quel point certaines paroles entraient en totale résonance avec des sentiments que j’ai pu avoir ces dernières années. On l’aime justement pour ça. Par instants, par fulgurances, il arrive à parfaitement exprimer nos croyances et nos doutes, nos craintes et nos espoirs, face aux plus intimes des sujets : la mort, l’amour, la foi. C’est peut-être pas Rock n’ Roll, mais au final… On s’en fout, non ?
( Deux jours après la sortie de l'album et quelques heures avant de jouer au palais des sports, le groupe joue, pendant une heure, sur le toit de la Fnac des Ternes. Que des titres d'Adore. On sent bien à quel point ils sont rincés, ce qui fait de cette version de Blank Page (qui se voit agrémentée, en live, de soli de guitare très sympa) une de mes préférées, la voix de Corgan est vraiment, vraiment sur la brèche au début, très probablement parce qu'il est éreinté. Silver linings.)
1 Il est facile (et souvent légitime) de se moquer de la capacité que peut avoir un adolescent à fanatiser les artistes qu’il aime, mais bordel, quand on tombe juste, sur le bon, c’est tout simplement idéal. Les portes que ça peut ouvrir…. Aussi, pour louper la référence que peut faire un album qui se clôt par un instrumental de 17 seconds nommé 17 fallait vraiment que ma culture musicale soit pas top à ce moment-là.
2 On pardonnera le niveau d’anglais que j’avais à cet âge, mais de façon amusante, certaines de erreurs de traduction que je faisais à l’époque sont restées gravées, et des fois au milieu d’une écoute actuelle, je découvre que bien que poétique la traduction gravée dans ma tête est quand même toute pêtée (to blame = à blâmer, pas « trop blême »)
3 Débat éternel que j’aurais eu nombre de fois et m’aura presque fait me fâcher avec certains. Adore est mon 2001, l’odyssée de l’espace à moi, presque : l’œuvre d’un art qui m’aura fait comprendre… l’existence même de cet art. De même que 2001 est le film qui m’aura fait prendre conscience (comme cela est arrivé à nombre de personnes) que le cinéma, ce n’est pas que raconter une histoire avec des images. (Je suis tellement pas clair mais il y a un point tellement difficile à exprimer ici…. Disons que dans la découverte de l’art il y a forcément un point de rupture. Celui où l’on réalise à quel point il y a plus à ce qu’on écoute, lit, regarde que juste « qu’est-ce que ça raconte ». La réalisation de « l’existence » du style en littérature, de la production en musique, de la réalisation au ciné… qui offre ce ressenti par delà ce que l’on raconte. Et le fait que ça parait naturel alors qu’on se fait juste piéger par des mecs qui ont pensé la réponse émotionnelle qu’on a – Il y a des pages à gratter sur le sujet, et je ne suis probablement pas la personne la plus habilitée.)
4 Je peux vous l’avouer, à chaque décès d’un proche, For Martha fait un tour sur la platine
5 Comme le mercure, obsession récurante et intriguante de Corgan que j'aimerai comprendre un jour.
6 A ne pas confondre avec The End is the Beginning is the End, sa face B. Qui tabasse un peu plus.
7 Outre les thématiques communes et la contribution corganienne, évoquons les teintes de gris des pochettes de ces albums respectifs, et j’avoue que ça fait quelques années que j’aimerais écrire un truc sur une analyse parallèle de ces trois albums mais bon on va pas se voiler la face ça n’arrivera probablement jamais. Et oui je sais, tout ce qu’il reste « officiellement » de Corgan sur Mechanical Animals c’est des chœurs sur un morceau.
Dis donc, c'est que tu nous collerais presque des frissons, petit coquin ;-)
RépondreSupprimerBon, je n'ai pas grand-chose à ajouter, si ce n'est que je suis un peu jaloux que tu aies pensé à cet anniversaire et pas moi (alors que je l'ai acheté le jour de sa sortie, en plus...) D'ailleurs quand tu me l'as dit j'ai failli sauter sur mon clavier pour participer à cet anniversaire, et puis je me suis dit non... Guic' a sûrement plus de choses nouvelles à dire sur ce disque. Un truc qui m'a fait sourire, c'est que je ne me suis même pas aperçu qu'il avait été remasterisé quand la réédition est parue - c'est dire si c'était inutile, en effet.
Étrangement et c'est pour moi ce qui en fait un grand album, je ne l'associe absolument pas à une époque où une autre, je suis d'ailleurs assez surpris par ton intro. Chez moi ils les a toutes traversées, je ne sais pas si je pense vraiment à quelque chose quand je l'écoute mais en tout cas, ce n'est pas au passé.
Je conclurai sur une pirouette mais je dis souvent qu'on n'écoute jamais ses albums préférés parce qu'on les connaît par cœur et que ça ne sert un peu rien. Pour moi, Adore est l'exception qui confirme la règle. Je ne l'écoute pas toutes les semaines non plus mais de tous mes albums préférés, c'est certainement celui que j'écoute le plus souvent, alors que c'est certainement aussi celui que je connais le plus par cœur.
LA remasteristion je me rappelle en avoir vaguement entendu parler à l'époque, mais je ne me suis pas jeté dessus. Après, c'est comme toujours les petits trucs en plus qui sont interessants (plus, en tous cas, que la version mono de l'album...) et tous ces trucs (démos, live...) je ne doute pas que tules connais déjà par coeur, même s'il y a du matériel interessant (la première prise de Shame, la démo de My Mistake sont ceux qui me viennent à l'esprit immédiatement)
SupprimerSi tu as été surpris par mon intro, c'est peut être ma faute... Disons qu'il rappelle des souvenirs, mais de toutes les périodes - même si certes la mi-2000 est prédominante - mais je partage avec toi et le fait que tout à la fois il a été là tout le temps, et qu'il revient régulièrement. J'irais peut-être même jusqu'à dire que de mes albums préférés c'est le seul que j'écoute entier. Les autres je vais avoir tendance à, sinon y piocher les quelques titres que j'ai envie d'écouter, au moins zapper un ou deux titres (bonjour Revolution 9, bonjour X.Y.U., bonjour It ain't easy - je sais, je suis un monstre)
Et justement c'est le truc qui me surprend le plus: la production ne pique jamais, cet album il pourrait être sorti hier ça me choquerait pas. Que Machina, pourtant sorti après (et que j'ai réécouté hier du coup), tu le sens passer...
Ouais, Machina il y a des choix douteux qui l'entourent. Pas que sur la prod, d'ailleurs ^^
SupprimerLa réédition d'Adore est vachement bien, attention. Certes il y a beaucoup d'inédits que je connaissais, mais aussi quelques trucs que je ne connaissais pas (ou que j'avais oubliés), et c'est pas mal aussi avoir tout ça centralisé au même endroit plutôt que dans 400 fichiers mp3 en vrac sur un DD. Je ne dirais pas ça pour toutes les rééditions de ce type, mais dans le cas d'Adore, dont les chutes et autres Faces B sont aussi fabuleuses que l'album lui-même...
Ben tu le sais, Machina j’ai toujours du mal à rentrer dedans: mur de son de la prod, concept obtus... en fait c’est celui là que je trouve vraiment « froid ». Et les titres préférés, avec le temps, sont les plus « clairs » (I of the mourning, Age of innocence)
SupprimerLa reedition d’Adore, pour moi qui n’avait pas (parce que pas forcément cherché à dénicher) tout ce matériel bonus, c’est une mine d’or. Et un très bon compagnon au live journal de Corgan sur l’epoque ( même si la fameuse « 48 chords » dont il parle, je ne sais toujours pas quel titre c’est devenu... )
Après j’aime beaucoup l reedition surchargée de Mellon Collie aussi...
Très bel article, je n'en attendais pas moins de toi sur ce disque, mais c'est sympa de te lire à nouveau...
RépondreSupprimeril y a un truc vraiment marrant, c'est que je me suis fait exactement la même réflexion que toi sur la "froideur du disque". Il y a quelques semaines, j'ai chroniqué Mechanical Animals sur mon blog; Son coté Vide Existentiel m'a semblé quelque chose de très marqué dans la musique de cette fin de millénaire, de manière un peu indéfinissable, puisque quand j'ai cherché des disques en exemple je n'en ai pas trouvé tant que ca. OK Computer certainement (d'ailleurs il y a quelques ponts avec le Manson, notamment l'artwork), et puis Adore (j'écris: "Une tonalité froide qui courait sur certains albums (beaucoup ?) en cette fin de millénaire, par exemple OK Computer de Radiohead ou Adore des Smashing Pumpkins"). Mais j'ai failli enlever cette référence, car je suis bien d'accord que ce disque n'est pas si froid, il reste beaucoup d'humanité, l'exemple le plus éclatant étant évidemment "To Sheila", qu'on ne peut certainement pas associer aux mots Vide Existentiel... au final j'ai laissé car je voulais laisser le lien Manson / Corgan de l'époque, et puis je n'avais pas d'autres idées de disques (j'ai bien aimé le Hole, mais je n'y ai pas du tout pensé car pour moi il est assez anecdotique, surtout par rapport au chef d'oeuvre Live Through This). et je ne me suis pas perdu dans ces explications, car j'essaye de pas trop me prendre la tete avec ces chroniques de vieilles cassettes.
sinon je pense que le lien est moins fort entre Adore et moi par rapport à toi ou Thom. ce n'est pas mon SP préféré, et je ne l'écoute pas plus que les autres aujourd'hui. comme toi je ne l'ai pas adopté complètement à sa sortie, meme s'il contenait suffisamment de grand morceaux pour que je m'accroche. C'est vraiment les versions live qui m'ont convaincu que c'était un grand disque, à 100%. Adore m'a certifié que les SP étaient un des plus grands groupe live du monde (je le savais déjà avec les live de Mellon Collie, mais comme tu le notes sur certains titres d'Adore c'est éclatant). Il m'a aussi ouvert sur les changements d'orientation de groupes, mais moins que le Kid A quand meme. En revanche il ne m'a ouvert aucune porte, je n'ai accroché à aucune influence revendiquée (c'est d'ailleurs général avec les SP). Le Spaghetti Incident des GNR a beaucoup plus fait pour ma culture musicale que Adore, meme si la valeur des disques en eux meme ne souffre évidemment d'aucune comparaison...
Tout d'abord merci beaucoup ;-)
Supprimer(Cet article a mis quasi 10 ans à se faire au final, autant qu'il ait de la gueule)
Concernant la froideur, en fait, tu as carrément raison sur le point du Vide Existentiel. Adore n'est pas froid, il est au bord de l'abime de ce Vide. C'est un mec qui a tout perdu qui contemple ce vide et cherche à quoi se raccrocher et tout ce qu'il a c'est le passé et ça le déprime. Il est pas froid, il est au contraire plein de sentiments - qui justement font souffrir.
Mechanical Animals est en plein dans une schizophrénie qliée à la perte de repères du classique Too Much Too Young - et Manson justement essaye à toute fin de se raccrocher aux quelques sentiments qu'il arrive encore à ressentir tout le long des ses albums d'après.
Pour Hole, je préfère amplement Celebrity Skin à Live through this, probablement parce que j'adore ce versant pop. Et je le trouve plus émouvant. Et il a pas de morceau qui m'emmerde (Live through this, j'écoute les 6 premières et je saute direct à Rock Star et je suis bon pour 6 mois)
Les version live... En fouillant la réédition, je suis tombé sur une version acoustique de Blank Page ou le solo de guitare est remplacé par du piano et où Corgan a la voix qui casse sur la fin et se marre. Je crois que c'est le plus beau trucs que les Pumpkins aient couché par audio - du moins cette semaine. Je n'ai pas forcément beaucoup fouillé les live à l'époque mais effectivement depuis j'ai fait mes devoirs et il y a des moments de perfection (ce live sur le toit de la Fnac a quand meme une grande classe sur son ensemble)
Concernant les portes ouvertes et accepter les changements de registre... Ben Adore a fait les deux pour moi (Il est logique que les GnR aient fait ce boulot pour toi, mais moi j'avais 6 piges quand Spaghetti Incident est sorti, hein...)
J'ai découvert OK Computer (et Radiohead tout court) a peu près à l'exact moment où ils sortaient Kid A. Donc je savais qu'on arrivait là de toutes façons. Des Pupkins je connaissais Mellon Collie et c'étaient les signles de MAchina qui passaient à la radio. Je pouvais pas m'attendre à Adore qui est une cassure et est unique du coup.
Et quand je parle d'ouvrir des portes, bizarrement c'est plus dans ma tête qu'autre chose: les références assumées sur Adore, il m'a bien fallu 10 ans pour y arriver en fait. C'est plus un côté "Ca peut être intéressant même si c'est calme. Meme si c'est lent. Meme si c'est différent. Par delà ton amusement instantané... tu peux trouver la beauté, si tu cherches, la découverte de l'émotion esthétique: qui demande plus de travail, mais s'étiole bien moins vite que l'amusement instantané. En gros ma note de bas de page 3 qui je l'admets est grave bancale ;-)
en en discutant, la différence fondamentale entre le Adore et le Mechanical Animal, c'est que, même s'ils en sont quasiment au même point, il reste de l'Esperance dans l'un alors qu'elle est absente de l'autre, du moins c'est mon ressenti. c'est ce qui rend Adore si beau d'ailleurs, le truc qui nous donne envie d'y revenir certainement.
Supprimerpour le live sur le toit de la Fnac, je crois avoir radoté plusieurs fois déjà que c'est comme ca que j'ai découvert les titres du disque, lors d'une projection organisée à la Fnac de Marseille. Je crois avoir rarement envié quelqu'un autant que les spectateurs de ce concert, spécialement ceux qu'on voit faire signer des dédicaces à Corgan sur leur vinyle de Mellon Collie....
ah oui, j'avais pas approfondi ce sens là (pour "l'ouverture"). Je me demande quel album a eu cet effet là sur moi. sans doute y en a t il eu plusieurs... il faut que j'y réfléchisse...
Tout à fait d’accord pour l’Esperance dans Adore.
SupprimerEn fait, pour l’avoir réécouté un paquet de fois récemment, j’ai réalisé que... en fait la fin de l’album même si elle reste pleine de la douleur qui traverse cet album... est bizarrement apaisée. La fin de For Martha est à la limite du lumineux même.
Ce qui n’est pas vraiment la ces de Coma White ;)
L'album le plus complet des Smashing. Le plus important pour moi à bien des niveaux. Le type d'album que j'aime écouter sans rien faire d'autre, juste savourer chaque minute. Chaque chanson est devenue ma préférée au fur et à mesure et selon les périodes. Un album que j'emmenerai sur une ile déserte sans hésiter (grosse fiesta à la plage assurée!)
RépondreSupprimerPour moi le plus complet ET celui de l'île deserte serait Mellon Collie parce que je peux y retrouver à peu près toutes les ambiances nécessaires.
SupprimerMais effectivement, Adore est un de ces rares albums que j'écoute encore en y prêtant vraiment attention - bon des fois, je l'écoute en marchant, hein. Mais pas plus.