vendredi 27 novembre 2020

Les statisdisques de la discothèque pas idéale du tout #1

 

Il y a maintenant 20 ans, j’ai eu 15 ans. A l’occasion, j’avais célébré mon anniversaire avec mes potes (fait suffisamment rare pour être mentionné), et ceux-ci m’avaient, pour l’occasion offert deux disques (et demi) : Black Market Music de Placebo, et OK Computer de Radiohead (le demi c’est un pote arrivé les mains vides repartant avec la promesse de me graver le premier album de Muse).

Alors oui, clairement vous réalisez déjà que j’étais un bon déconneur à 15 ans. Mais la principale raison pour laquelle j’évoque ce fait c’est que, donc, cela fait 20 ans que je prête attention à mes disques. Ceux-ci ne sont pas les premiers disques que j’ai eus, mais peut-être les premiers auxquels j’ai prêté un peu plus d’attention (pour preuve je crois n’avoir que 2 disques plus vieux que ceux-ci dans la discothèque), les premiers que j’ai proprement alignés sur une étagère, puis deux… jusqu’à perdre le compte, avoir des meubles dédiés, ranger le truc dans un ordre défini (alphabético-chronologique), acheter des intercalaires… tout ça jusqu’à aujourd’hui ou c’est à portée de ma fille et donc, régulièrement, je serre les dents alors qu’elle commet un carnage dans les Z, puis les V, et aujourd’hui les T, ne voulant pas refroidir son intérêt pour ces étagères (juste parce que je veux sincèrement pouvoir partager ça avec elle plus tard, pas juste par crainte qu’elle s’intéresse aux Jul de l’an 2035, même si aussi un peu).

Et du coup, 20 ans plus tard on en est où ? Nous l’allons découvrir tout à l’heure. Parce que voyez-vous, avec un peu de temps à perdre devant moi, j’ai rien trouvé de mieux à faire que … de réaliser l’inventaire de ma discothèque. Et donc d’en faire des statistiques. Soyez les bienvenus dans les tréfonds de mon esprit malsain quand on lui file Access et Excel et beaucoup, beaucoup trop de temps.

 

"Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre?" 

(Oui, on est parti sur une bonne série d'images d'High Fidelity)


Episode 1 : Des chiffres et des lettres

 

Evidement la première question à laquelle j’ai enfin pu répondre, et la plus simple de toutes, c’est la question de « bon ben des disques j’en ai combien ? » Et la réponse est 967. Alors, passé la légère déception liée au fait que c’est pas 1000 et que donc d’un point de vue statistique c’est, de fait, pas « représentatif », mais bon, c’est l’étude de ma propre discothèque, pas un sondage du Figaro.

Donc, 967 disques. Rangés, vous le savez maintenant depuis le temps que vous me lisez, par ordre alphabétique d’artiste, et au sein d’un même artiste par ordre chronologique de sortie, à quelques exceptions près1.

Mais avant même ce classement, Il y a une première distinction évidente dans l'organisation de la discothèque, et c'est la scission CDs / Vinyles. Donc on peut se demander, évidement, " Combien de quoi?". 

Etant un garçon sérieux, j'ai inclus aussi une distinction CDs / CDs gravés, parce que oui, j'ai quelques-uns de ces artefacts typiques des années 2000 dans les étagères, au milieu des "vrais" (C'est quand même, quand on y réfléchit, une catégorie intéressante: ce sont des disques que j'aime suffisamment pour les avoir gardés, mais pas assez pour les avoir achetés "en vrai". Par exemple: les premiers albums de Björk (oui)).

Soit Donc: 


Un bon trois quart / un quart, et puis mes 8 CDs gravés (2) qui trainent dans un coin.

Mais la question du "combien de quoi", en bon barbare que je suis, je me la suis posé sur un autre angle (non, pas par genre 3). L'angle du "qu'est-ce qu'il y a sur le disque, catégorie que faute de mieux j'ai intitulé.. Catégorie: 




Bon ben on va pas le cacher, il y a une majorité d'albums, mais on a presque 10 % de Lives, On a 5 % de Best Of (parfois - souvent - isolés, comprendre par là, c'est le seul disque que j'ai d'un artiste. Pour ceux où ce n'est pas le seul c'est souvent le premier que j'ai eu.)

"Compilations autres", ce sont les compilations que ne sont pas des Best of. L'exemple le plus évident pouvant être une compilation des faces B (par exemple le coffret B-Sides & Rarities de Nick Cave - au passage, il m'apparait pas inutile de le préciser alors qu'on parle d'un coffret 3 CDs: un double album compte pas pour deux.), mais aussi les compilations de singles qui ne font pas de "tri" du "best" (bonjour Louder than Bombs, Hatful of hollow et l'autre)

Et ce segment qu'on arrive même pas à lire ce sont les musiques de film, plus souvent des compilations de chansons jouées dans le film que le score original (point Tarantino, point Guardians of the galaxy).


Bon maintenant Bertrand on va passer aux lettres. 

Comme en plus pour les CDs j’ai des intercalaires, la répartition alphabétique est celle que j’ai clairement sous les yeux et celle que j’ai le plus de facilité à jauger… Sauf que ça c’est pour les CDs. Les vinyles, ils ont pas d’intercalaires, voire même la seconde rangée elle est planquée derrière des portes, alors… on va voir ce que ça donne. La répartition alphabétique des disques selon leur artiste ca donne... ce bordel là: 




Alors on va le dire tout de suite: autant l'hégémonie des B je la connaissait, autant je m'attendais pas à ce que les S soient si proches. Et la raison, je l'ai écrite au dessus: la deuxième rangée des vinyles elle est planquée derrière des portes, et dedans il y a ... Beaucoup de Ty Segall. Et justement. De le même manière que Ty Segall (et les Smashing Pumpkins, et tout ce qui peut avoir "Smith" dans son nom que ce soit Elliott, Patti ou The) peut faire grimper les stats du S, il y a quelques poids lourds chez les B (je ne vous ferait pas l'affront de les citer, mais ils sont tous anglais) qui peuvent truquer l'élection. Parce que se pose maintenant la question de "Quoi par qui?", surtout que c'est le premier critère de tri dans la discothèque. Surtout que les résultats sur l'ensemble recensent: 

- 967 disques (ça on l'a déjà dit)

- par 422 artistes

... soit une moyenne de 2,3 disques par artiste. Et honnêtement ça me perturbe un peu parce que ça veut dire qu'il y a quand même un nombre non négligeable d'artistes dont je n'ai qu'un disque pour faire tomber la moyenne aussi bas. Peut-être aussi y a-t-il un biais de fréquence, vu que les premiers artistes présents dans ma discothèque auxquels je pense sont ceux dont j'ai 5 ou 10 disques, en fait. Donc la question que se pose est celle du "combien d'artistes par lettre?", soit donc, la question de la diversité de la discothèque.


Et là ça change un peu le classement. Je sais pas dans quelle mesure c'est intéressant, honnêtement - en soi en tout cas - sinon pour réaliser qu'il y a probablement plus d'artistes en S, et en B (pensée pour tous les groupes en Black quelque chose - Sabbath, Lips, Keys, Francis...) que en Q (littéralement chez moi y en a deux, et ils commencent par le même mot. c'est dans les petits trucs qui apparaissent pas en haut.).

Et vu qu'on a pas grand chose à tirer de ça, j'ai commencé à me poser la question de la "diversité des lettres" (concept pas encore déposé à l'INPI mais essayez de pas me doubler ce serait cool). Et donc: 

Les lettres les plus diverses de la discothèque sont donc: 

- U et Y, avec un seul disque par artiste - des pures "lettres à best of" (pourtant il n'y a aucun best of dans ces lettres)

- puis T, avec 1,44 disque par artiste.

A l'opposé, les lettres les moins diverses sont: 

- R avec 3,9 disques par artiste (merci R.E.M.)

- Q avec 3.5 disques par artiste (avec 2 artistes: un avec 1 best of, un avec 6 albums)

- Puis B, avec 3.02 (avec G à 3.0 juste derrière) qui décidément est tout à la fois une lettre avec beaucoup de disques par beaucoup d'artistes.


Et comme je suis un psychopathe on se pose la question de "Et du coup c'est laquelle la lettre la plus moyenne?". Et c'est K. 2.27 disques par artiste, à comparer au 2.29 de moyenne sur l'ensemble de la discothèque... Je vous avait dit qu'on allait plonger dans les méandres de mon esprit malsain.

(Aussi, mon pote Olivier m'a dit qu'à son avis étudier la répartition alphabétique rimait à rien, et il avait raison mais je l'avais déjà fait... désolé mec)

Mais au final, c'est qui les stars? Je sais que c'est ce que vous vous demandez tous (et les quelques-une qui se le demandent pas c'est qu'ils croient que ce sont les Smashing Pumpkins et ils ont tort). Donc, les artistes les plus présents (avec un diamètre de coupe placé à 6 disques) sont les suivants: 




Maintenant si on veut être un brin plus précis, et le faire seulement sur les albums (tout le monde n'est pas égal face à l'exercice du live, ou du best of dans ma discothèque), les résultats sont alors les suivants (vous allez voir, prendre en compte seulement les album son va le faire un paquet de fois dans la prochaine série d'analyses):  


Alors ca nous secoue pas vraiment le Top 5 mais ca remet un peu les choses à plat. Et ça met en évidence un autre et dernier point à aborder: Comment tu fais, Guic, pour avoir 13 albums des Beatles alors qu'ils en ont sorti que 12, et encore en étant généreux et en comptant Yellow Submarine, qu'en plus tu n'as pas? 

Les doublons mes amis.


Comme vous l'indique le titre, seuls les doublons CD / Vinyle peuvent être recensés (des doublons de même format ont 100 % de caractéristiques identiques et c'est le genre de trucs qui ferait péter un cable à la base de données, et j'ai pas envie de rajouter une colonne quantité pour 3 disques au compte différent de 1.

Alors oui, j'ai deux fois "Chutes too narrow" des Shins en vinyle. Et aussi un "triplon" qui est Fiesta de The Go (je connais des gens qui l'ont 4 fois), parce que j'ai deux fois l'édition Burger Records (un pressage vert et un pressage orange) et bien sur l'édition française chez les amis de Mauvaise Foi records. J'assume. Et j'ai aussi les deux éditions CD de l'album "The Go". Donc en fait ils remportent haut la main la catégorie vu qu'à part "Howl on the haunted beat you right" (qui, en plus est leur meilleur album) j'ai toutes leurs publications en double.

Voilà, on va en rester là pour aujourd'hui et la prochaine fois on va prendre l'angle historique (non, pas de classement autobiographique. Même si je peux le dire, le disque que je possède depuis le plus longtemps c'est...The bridge, second album d'Ace of Base (cadeau de ma sœur pour ma communion solennelle).


Allez, sur ces bonnes paroles: 




... et à bientôt.

 

 

 

1 Exceptions principalement « esthétiques », par exemple Iron Maiden classé de façon anti-chronologique pour pouvoir former la tête d’Eddie avec les tranches des disques, ou Bowie donc les lives (spécifiquement le « David Live » de 1974) sont renvoyés après les albums pour ne pas briser la belle ligne blanche que forment ses albums.

2 Allez, parce que je vous aime bien en voici la liste exhaustive: Post et Homogenic de Björk, Buddha et Dude Ranch de blink-182, Jagged little pill d'Alanis Morissette, Blood sugar sex magik et Californication des Red Hot Chili Peppers et Performance & Cocktails de Stereophonics.

3 Pourquoi pas par genre? La granulométrie. Soit je suis honnête et ca donne genre "Jazz: 1, Rap: 3, Variété française: 100, Rock: le reste. Soit je fais le malin et je sous-divise tout mais va falloir que j'invente des catégories au bout d'un moment... et ça me saoule d'avance honnêtement. (Et vous imaginer comment à un moment va falloir genre éclater des discographies d'artiste? Je vais pas ranger Low en Glam-Rock, quand même?)

vendredi 24 juillet 2020

C'est pas parce que c'est nouveau que c'est un progrès, c'est pas parce que c'est néo que c'est de la merde


Le lien qu’on entretient à la musique de notre adolescence est toujours un peu bizarre, mais forcément formateur. Et pour le coup, par musique de notre adolescence, je ne parle pas forcément de la musique qu’on écoute à ce moment-là, mais de celle qui est publiée à ce moment – celle qu’on aime comme celle qu’on hait.
Mais permettez-moi de repasser au singulier et d’ainsi cesser la mascarade de la généralisation : l’adolescence dont on va causer c’est la mienne (surprenant). J’ai eu 15 ans en l’an 2000. Et quel était le courant musical dominant le Rock au tournant du millénaire ?
Eh oui mes amis : on va causer néo-métal aujourd’hui.



On peut grosso modo-considérer que 1999 à 2001 constitue l’apogée du mouvement néo-métal : KoRn (bordel a va me saouler de l’écrire comme ça tout un article) a sorti 4 albums en 5 ans qui sont tous des succès, Deftones et Limp Bizkit sont entre leurs 2eme et 3eme albums, System of a Down et Slipknot entre leurs premiers et seconds, et Linkin Park va débarquer en 2001…
De fait, pendant ces années-là, mes potes amateurs de métal, c’est ce qu’ils écoutaient (résultat je connais des noms de groupe genre Kittie ou Snot). C’était ça, le métal pour moi. Que Metallica, ma grande sœur écoutait, alors la « violence » de truc je ne la voyais pas vraiment. (C’est un peu de la même manière que la première fois que j’ai écouté Iron Maiden j’ai extrêmement été perturbé par le fait que leur imagerie me semblait beaucoup plus bourrine que leur musique.
Et on peut s’amuser à minimiser l’importance de ce mouvement mais le fait est qu’à l’époque c’est probablement le mouvement rock le plus mainstream (exception faite de Radiohead et ses clones émergeants : Muse, Coldplay, Travis, U2…) sinon pourquoi serait-ce celui dont j’ai entendu parler ? En 2001, les extraits de Toxicity trustent le classement des auditeurs tous les soirs sur Ouï FM, Limp Bizkit fournit le titre phare d’un blockbuster avec Tom Cruise, les clips de tous tournent en boucle sur MTV et trustent les classements pour lesquels le public vote.


Viens, je t'emmène, derrière le miroir, de l'autre côté...


Pourtant dans la grande histoire du Rock il est sûr que le mouvement ne sera probablement pas listé. Même pas comme une erreur qu’un revival garage serait venu résoudre (à l’image de la légende voulant que les Punks aient sauvé le monde du Prog) (Et puis on va pas causer Punk à Roulettes à la place non plus). Non, le tournant du siècle se sera fait en silence, entre une Britpop tuée en 1997/98 et un revival Garage de 2001/02 salutaire.

Pourquoi ? Les raisons sont nombreuses (oui, la honte des gens d’avoir trouvé ce genre crédible pour un instant, non, la honte seule n’explique pas tout). Déjà, c’est difficile à expliquer : le « mouvement » est fait de groupes qui n’ont pas grand-chose à voir musicalement. Que KoRn et Limp Bizkit fassent partie du même mouvement déroute. Et ce sont les têtes d’affiche du genre : c’est pire encore si on va creuser dans les coins, genre (hed)pe, les débuts de Kid Rock (eh oui) ou pire encore, les groupes français du mouvement.
A l’opposé, pourtant définir la sortie du premier album de KoRn comme l’acte de naissance du mouvement tout entier ne soulèvera aucun débat. Son acte de décès? Discutable, mais on y vient.
Et la difficulté de définition de ce qu’est le néo-métal vient aussi de ses influences principales, une longue lignée de mouvement mal nommés regroupant des groupes n’ayant rien à voir entre eux, dont l’apogée est évidement l ‘utilisation du terme « Fusion » au début des années 90. Fusion oui, mais jamais de la même chose, terme chapeau permettant de mettre dans le même sac Rage Against the Machine (dont le bassiste s’est excusé pour avoir inspiré Limp Bizkit en 2015), Faith No More ou même les Red Hot Chili Peppers.



On résume souvent le néo-métal à une fusion Rap / Métal. Mais l’ensemble du mouvement couvre un spectre complexe, lié à :
  •          Où on met le curseur en termes de rap. Je cause de quantité, hein : Est-ce qu’on rape les couplets entiers, ou tout le titre, ou en fait c’est plus de Sprechtgesangt sans vraiment être du rap, est-ce qu’on empreinte d’autres éléments à la culture hip-hop (scratches, boucles…)
  •           Quel type de métal on joue ? On fait juste du lourd et grave (KoRn), on part sur du sautillant foufou (Snot, sorte de Primus néo-métal), Du Agressif mais pas trop heavy (Lip Bizkit), on se prend pour My Bloody Valentine mais avec de la disto (Deftones) ou juste en fait on va pas vraiment faire du métal ce qui fait qu’en fait techniquement on fait du rap mais comme il est pas très bon et puis on est blancs donc on va dire c’est du néo-métal (Butterfly par Crazy Town) ?

(Ces points méritent une étude plus approfondie que, cela va de soi, je ne ménerai pas, par flemme et manque de connaissances). Alors forcément, en visant suffisamment large comme ça, on est sur que chacun va s’y retrouver d’une façon ou d’une autre et tomber sur au moins un groupe dans le mouvement entier que tu vas aimer (Si tu aimes Jésus, il y a P.O.D., si tu aimes Satan, Slipknot aime les chèvres et les pentacles).
Sérieux, au pire du pire on a bien une reprise que tu vas kiffer.

Et du coup pourquoi ça a marché ? Il y a une vision un brin cynique que je peux comprendre sans la partager à 100 % qui constituerai à dire qu’en mélangeant les deux musiques qui inquiètent le plus les parents tu peux marketer la rébellion ultime. Sauf que la rébellion ultime qui terrifie les parents, entre 1994 et 1999 disons, elle est clairement trustée, symboliquement, par le seul Marilyn Manson.
Non, le point commun de tous ces groupes, et qui fait qu’il leur a permis de causer aux jeunes blancs de la classe moyenne de la fin des années 90 (moi compris, évidement) c’est la colère. Vaine. Mais la colère quand même. Le mouvement néo-métal est un mouvement entier de groupes qui sont tous en colère, mais ne sont d’accord ni sur pourquoi ni sur contre qui

Ma théorie là c’est : vous les connaissez les cons qui, à l’élection de Trump par exemple, ont eu comme réaction « Ah bah c’est bien triste mais tu sais quoi ? Ca va faire qu’on va avoir du bon Art du coup. Je suis sur le Punk va renaître dans toute sa splendeur parce que là ça suffit, ou là là. »1

Il s’avère que l’Amérique de la fin des années 90 c’est quasiment l’opposé total. (Pour les blancs de la classe moyenne il va de soi). La seule guerre que mène le pays est totalement justifiée, l’économie va bien (pour l’instant), le plus gros problème du moment c’est de discuter d’où Clinton a mis son saxophone. La France c’est pareil. On nous a annulé le service militaire, on nous crée les RTT, on est champions du monde, grosso modo ça va.
Mais vous savez quoi ? être un adolescent c’est chiant. C’est nul. Quelle que soit l'époque, quel que soit le lieu. C'est comme ça. Et c'est rageant. Mais au moins si la société partait en couille on pourrait aller manifester, donner un sens à notre colère. (Ça va arriver, attendez une paire d’années, hein). Mais pour l’instant, non, vraiment, it is ALL about the he says / she says bullshit.

Ce qui faisait vivre le mouvement, c’est son absence pas forcément de sens mais de raison d'être, sa pureté dans la caractérisation de l’Angst de l’ado moyen, son expression de la colère sans but (les soudaines éruptions de disto, les passages du chant au cri guttural…) Donc forcément, dès que la jeunesse trouve un sens à sa vie, tout négatif qu’il soit, il était logique que le mouvement se délite.



(Bon il y a aussi l’Hybris de laisser Limp Bizkit écrire la musique de mission impossible 2 – excusez-moi, c’est vrai : « M:I-2 » - la boys-bandisation ressentie par les fans lors de l’arrivée de Linkin Park qui plait à leur sœur voir à leur mère, la corrosion du mouvement par des groupe virant plus vers le post-grunge (Staind, Nickelback etc…) et qui dévoreront la fan base sans jamais recevoir de validation critique2)

Mais pourtant, aucune musique ne se prête mieux, encore aujourd’hui, à la colère vaine. La majorité des chansons dont je vais vous causer, j’ai continué à les écouter au cours des 20 dernières années, souvent parce que j’avais envie de me marrer. Mais la vie n’est pas toujours facile et c’est pas parce qu’on est plus un ado qu’on se retrouve pas parfois (voire souvent) empli d’une colère qui n’a aucun exutoire désigné. Juste une masse d’énergie extraordinaire distillée à coup de « Nique ta mère l’univers » et de « Va te faire foutre 2020 ». Et franchement ? L’arrogance de Limp Bizkit, l’auto-détestation de KoRn, la puissance bruitiste de Slipknot ou la pure beauté de ce que Deftones était foutu de faire, tout cela refait sens.

Donc suivez moi, pour quelques instants, alors que j'essaie de vous convaincre que tout n'est pas à jeter, loin de là.


Allez, d'ici, pour vous faire patienter, et parce que le fait que ce morceau n'est pas utilisé dans toutes les bande-annonces du monde étant la principale raison pour laquelle j'aurais tendance à sélectionner "Blind" de KoRn, autant vous offrir cette pépite. Les vrais sauront / comprendront / reconnaîtront.

1(Si vous les croisez rappelez leur que les seuls qui ont rempli ce critère dans des conditions d’inspiration de type Bush + Guerre en Irak, c’est Green Day)
2 Votre serviteur aime bien « How you remind me ». Voilà c’est dit.